Sexisme dans la City de Londres ?

Outre le fait qu’elles y soient sous-représentées, les femmes sont loin d’avoir les mêmes avantages que les hommes dans la City de Londres. C’est ce que révèle une étude sur les salaires hommes-femmes dans le secteur de la finance réalisée par un organisme gouvernemental anglais : la Commission pour l’égalité et les droits de l’homme (Equality and Human Rights Commission).

Dans ce secteur dominé par les banques à 43% et les compagnies d’assurance à 21% qui emploie 1,3 million de personnes, les femmes sont payées en moyenne 55% de moins que leurs collègues masculins. Les primes de fin d’année connaissent quant à elles un écart de 78% par rapport à celles des hommes. Des différences deux fois plus élevées en moyenne que dans les autres secteurs.

Une plafond de verre?

Autre point alarmant de l’étude : les femmes sont sous-représentées aux postes seniors et de management, détenus à 66% par des hommes. En revanche, 46% des femmes du secteur de la finance occupent des postes administratifs et de secrétariat (contre seulement 17% des hommes).

Les progressions de carrière des femmes ne font pas non plus rêver puisque les hommes sont plus susceptibles que leurs homologues féminins d’être promus à des postes de management.

Des résultats surprenants si l’on considère que l’Angleterre a souvent fait valoir ses efforts en matière d’égalité des sexes. La législation britannique met ainsi depuis 2002 la charge de la preuve sur l’employeur en matière de discrimination et de harcèlement.

Pourtant, malgré les retentissants procès de ces dernières années ayant donné raison aux plaignantes, sur 11 banques et compagnies d’assurance ayant réalisé un audit sur l’égalité salariale, 5 établissements étaient en tort selon un récent sondage réalisé par le Département de recherche sur le travail anglais.

Une culture macho

Plusieurs raisons sont avancées pour tenter d’expliquer les différences de salaires entre les sexes: les hommes font davantage d’heures supplémentaires non rémunérées que les femmes, ce qui « pourrait aider la progression de leur carrière » selon l’étude réalisée par la Commission pour l’égalité et les droits de l’homme. Les hommes dans le secteur de la finance seraient aussi plus diplômés que les femmes.

Mais cette étude mentionne aussi la culture macho de la City dirigée par des hommes et où les femmes sont peu nombreuses à détenir des postes clé.

Les femmes auraient en outre des difficultés à concilier vie familiale et professionnelle dans un environnement hostile. Avoir des enfants pour une femme travaillant dans la City aurait des conséquences négatives sur sa carrière selon une étude réalisée par la City University. En Grande-Bretagne, 30 000 travailleuses seraient même poussées vers la sortie pendant leur grossesse chaque année.

Ces chiffres sont d’autant plus dommageables qu’une plus grande proportion de femmes dans la City aurait pu aider à empêcher la crise financière actuelle (Management Today, 2008). Même analyse concernant le manque de femmes dans les conseils d’administration des banques en faillite…

Trésoriers : expert recherché

A l’instar des credit managers, le poste de trésorier a connu un essor important ces dernières années et résiste plutôt bien à la crise. Une bonne couverture des risques et une gestion du cash sécurisée devraient rester au cœur des problématiques des groupes mais aussi des structures de taille plus modeste en 2009.

« De nombreuses sociétés connaissent des problèmes de liquidité et de gestion de leurs coûts. Les missions de financement des trésoriers ont pris une plus grande importance depuis un an », précise Olivier Bornecque, Directeur de la gestion de trésorerie chez Aviva et Président de l’association des trésoriers d’entreprise (AFTE). Les entreprises continuent donc d’embaucher.

« Le recrutement résiste bien à la crise car ces profils ont des compétences spécifiques qui sont assez rares sur le marché » souligne David Peyran, Directeur au sein du cabinet Creditjob. « En outre, les structures qui ont besoin d’un trésorier ont souvent une surface financière assez importante. En dessous d’un seuil de 50 millions d’euros de CA, c’est fréquemment le comptable qui occupe cette fonction »

Un métier en mutation

Les profils sont d’autant plus difficiles à recruter que le poste monte en gamme. « Grâce à l’évolution des techniques, les tâches quotidiennes se sont automatisées, et le trésorier a de plus en plus de temps pour mener ses réflexions stratégiques. Une grande partie de notre travail consiste à gérer les risques (contre-parties, fraudes …)», explique Olivier Bornecque. Autre évolution selon lui: un trésorier doit avoir des connaissances de plus en plus précises en comptabilité pour pouvoir évaluer l’incidence de tel ou tel instrument qu’il souhaite utiliser sur le résultat de son entreprise.

Le candidat idéal est difficile à trouver. « Les recruteurs cherchent une expérience mais aussi un diplôme (école de commerce ou DECF). En revanche, ils préfèreront une moins bonne école de commerce mais une expérience validée en termes d’autonomie » ajoute David Peyran. A noter qu’il existe des masters spécialisés de trésorerie (Université Paris Sorbonne, Rennes…). L’adaptabilité et la mobilité sont également de mise compte tenu du marché. En revanche, il n’existe pas de profil-type : « il y a autant de parcours que de trésoriers », souligne Olivier Bornecque.

Les candidats semblent quant à eux de plus en plus réticents à quitter leur poste pour tenter l’aventure ailleurs et privilégient souvent la mobilité interne pour évoluer. Pour David Peyran, « les candidats sont plus regardants, ils cherchent à intégrer une structure qui va leur proposer un projet, leur permettre de grimper les échelons sur le long terme et de développer leurs compétences. La notion de risque est devenue très présente ». En outre, dans une logique de contraction de frais généraux selon Olivier Bornecque, on peut penser que les sociétés de taille moyenne risquent de se passer – à tort – plus facilement d’un trésorier que d’un comptable. Les recruteurs se veulent pourtant rassurants : ces experts devraient continuer à rester un profil recherché sur 2009. Une bonne nouvelle pour les candidats en ces temps de crise…

Bonus en baisse de 62% pour les banquiers de la City

Ceux qui rêveraient encore de faire fortune en travaillant Outre-Manche devront revoir leurs aspirations. Les bonus versés aux banquiers de la City au cours de l’année 2008 ont en effet chuté de 62%. C’est ce que révèle l’enquête annuelle du cabinet Napier Scott Search Group réalisée auprès de 4.000 banquiers.

« De tous les grands centres financiers, la plus forte baisse des packages d’une année sur l’autre s’est faite sentir à Londres », souligne l’étude (L’Agefi). La chute est en effet supérieure à la moyenne mondiale qui a atteint 55% et constitue la plus forte baisse des rémunérations variables depuis 2000, date de la première enquête annuelle menée par le cabinet.

Ce retournement pour les banquiers de la City est « surprenant », selon Shaun Springer, Directeur du cabinet Napier Scott Search qui a réalisé cette étude. « Il est cependant encourageant car il montre que Londres prend au sérieux la crise financière mondiale et y répond en fixant des rémunérations plus modérées ».

La City : arrivée bon dernier

Les traders sur le change et les banquiers privés sont les moins affectés. A l’inverse, les professionnels des crédits structurés enregistrent une baisse de 86% de leur rémunération contre 77% pour les analystes quant.

Globalement, les rémunérations de Londres se placent maintenant loin derrière celles des autres centres financiers. Les banques européennes, qui paient leurs bonus en euros, affichent une baisse de 48% de l’enveloppe contre seulement 10% au Moyen Orient, région qui connaît le plus faible recul. A New York, Wall Street affiche parfois des salaires 40% plus élevés qu’à Londres.

« Les banquiers américains ont été mieux rémunérés que les européens car leur salaire a été fixé avant que les marchés ne dégringolent et que les critiques des politiques et de l’opinion publique n’augmentent » explique Shaun Springer. « De nombreuses banques américaines ont une année fiscale qui clôt au mois de novembre contrairement aux banques européenne dont l’année fiscale s’achève en janvier ou février ». Ces chiffres risqueraient de donner à réfléchir aux financiers encore basés à Londres.

Parcours Pro : contrôleur de gestion chez Darty.com

Dans cette nouvelle rubrique, découvrez le parcours d’un professionnel. Cette semaine, Laurent Niederst, contrôleur de gestion chez Darty.com, a accepté de répondre à nos questions.

1. Est-ce que vous pouvez nous présenter votre carrière en quelques lignes ?

J’ai découvert le contrôle de gestion en 2003 lors de mon stage de fin d’études à l’EDHEC, effectué chez AstraZeneca, un laboratoire pharmaceutique de dimension mondiale. J’ai été recruté sur une création de poste à l’issue de ce stage, poste que j’ai occupé 2 ans. J’ai changé de secteur en 2005 pour rejoindre Xerox en tant qu’analyste financier en charge du reporting de la filiale France. J’ai donné en 2007 un virage plus opérationnel à ma carrière en rejoignant le secteur du e-commerce et Darty.com.

2. Quel est votre poste actuel et votre travail au quotidien ?

Darty.com est une business unit du groupe Darty. Au sein de cette BU, nous sommes à la fois peu nombreux (une vingtaine de personnes au siège) et très nombreux puisque, outre un centre de commandes à distance situé à Montreuil (93) regroupant une cinquantaine de collaborateurs, nous nous appuyons sur toute la logistique Darty.

Dans ce contexte, mon rôle en tant que contrôleur de gestion de la BU est très opérationnel. Ma mission n’est pas de contrôler, mais de conseiller l’ensemble des collaborateurs, à tous les niveaux hiérarchiques et pour toutes les fonctions: challenger les conseillers du centre de vente à distance, étudier les performances d’ergonomie de notre site internet, analyser l’impact d’une campagne marketing, mettre en place des outils de lutte contre la fraude sur internet, et bien entendu piloter activement le chiffre d’affaires et gérer l’ensemble des coûts… Bien sûr, l’aspect reporting / clôture mensuelle et construction budgétaire reste très présent.

3. Quels sont les plus et les moins du métier de contrôleur de gestion ?

Le métier de contrôleur de gestion, outre le fait qu’il est interconnecté avec beaucoup d’autres fonctions de l’entreprise, recouvre des réalités très diverses. Il y a un certes un côté un peu « austère » lié à l’utilisation très fréquente d’outils comme Excel ou Access et divers logiciels spécialisés. La rigueur et une totale fiabilité sont des impératifs évidents mais très insuffisants. Des qualités beaucoup plus relationnelles sont également requises : un contrôleur de gestion qui passerait trop de temps à produire des analyses – mêmes passionnantes – ne serait pas un support véritablement efficace pour l’entreprise s’il ne savait pas surtout communiquer efficacement et susciter l’adhésion de tous les échelons de sa hiérarchie. Ce côté très politique du métier est passionnant, mais pas toujours de tout repos.

4. Comment évolue le métier ?

J’ai le sentiment que depuis quelques années, et notamment dans le contexte actuel de crise économique, la visibilité du contrôle de gestion s’est renforcée. Il est de plus en plus courant d’intervenir directement au comité de direction de l’entreprise, et non plus seulement lors de réunions financières. Je dois en permanence concilier un impératif de rentabilité financière, avec d’autres impératifs tels que le respect permanent du principe « 100% de clients satisfaits ». C’est dans cette nécessaire relation entre court et long terme que le contrôleur de gestion peut le mieux exprimer sa capacité à « voir loin ». Cette nécessaire vision se traduit bien sûr au quotidien par un travail d’analyse qui doit permettre aux acteurs de prendre les bonnes décisions au bon moment.

5. Quelles sont les perspectives de carrière pour un contrôleur de gestion ?

Le contrôle de gestion est une voie privilégiée pour accéder à l’ensemble des fonctions financières, et en premier lieu celles de responsable financier / du contrôle de gestion puis DAF… voire PDG, comme de nombreux exemples en témoignent.

Il s’agit d’une bonne porte d’entrée pour évoluer dans un environnement international. Il est également possible de s’orienter vers du conseil externe sur un poste senior, en tant qu’expert dans la fonction financière. Les perspectives sont riches et variées.

6. Est-ce que vous avez des conseils à donner à des candidats qui voudraient évoluer vers ce type de poste ?

La principale valeur ajoutée, et l’intérêt majeur de ce métier à mon sens, est l’aspect de conseil aux opérationnels et d’aide à la décision pour les dirigeants. Dans cette optique, il importe de maîtriser les outils traditionnels tels qu’Excel et Access, ainsi que les logiciels plus spécifiques tels que SAP, Business Objects ou Hypérion. Il est également nécessaire de connaître les bases de la comptabilité et de l’analyse financière. Il est important de savoir se positionner comme un support aux opérationnels. Pour cela, il faut savoir susciter la confiance et l’intérêt de tous, et par conséquent posséder de réelles qualités pédagogiques et relationnelles… qui permettront d’ailleurs de mieux gérer une pression permanente !

Frilosité en banque de détail

On la croyait épargnée mais la banque de réseau n’a pas résisté au vent de froid qui touche les autres secteurs. La frilosité des recruteurs et des candidats est maintenant palpable. « Les banques réfléchissent à deux fois avant de lancer un recrutement externe pour ne faire aucune erreur et les candidats sont plus frileux qu’avant », précise Frédéric Hatsadourian, Manager Banque & Assurance au sein du cabinet Robert Walters.

Même constat pour Yann Pelvet, Directeur chez Carrières Bancaires. « Les candidats sont beaucoup moins actifs et doivent avoir une bonne raison pour accepter de changer de poste (niveau de salaire actuel bas, nécessité de mobilité géographique…). Ils se comportent de manière très raisonnable et laissent moins de place à l’affectif dans leur choix ». Il faut ajouter à cela que les candidats ont parfois une image faussée de certaines banques, placées sous les feux des projecteurs en cette période difficile.

La conséquence : un turnover beaucoup plus faible. « Deux fois moins de postes qu’il y a trois mois » pour Yann Pelvet, « deux-trois postes contre dix il y a encore quelques mois » pour Frédéric Hatsadourian. Et des exigences plus élevées.

Ceux qui s’en sortent

Les banques recherchent surtout les fonctions commerciales expertes : des chargés de clientèle professionnelle, entreprises ou des conseillers en gestion de patrimoine, en particulier les seniors expérimentés avec 5 à 10 ans d’expérience. Les fonctions support de type contrôle des risques, contrôle de gestion continuent à recruter, même si les volumes sont très inférieurs à l’année passée.

Question rémunération, il y aurait pour Yann Pelvet une tendance à la baisse, surtout pour les jeunes diplômés. Frédéric Hatsadourian ne constate pas d’impact : « on retrouve en 2009 les salaires de 2007-2008. Les banques sont prêtes à faire un petit geste pour attirer les bons candidats ».

Tous s’accordent à dire qu’il n’a pas de gel total des recrutements. La banque de réseau est soumise à une pyramide des âges très favorable aux candidats avec 30 à 50% de départ à la retraite selon Thierry Mageux, directeur de la division banque-assurance du cabinet de recrutement Robert Half. Les pronostics les plus optimistes prévoient un rebond de recrutement à partir de septembre prochain.

Le recrutement des commerciaux en assurance ne connaît pas la crise

Les commerciaux en assurance ont le vent en poupe : aucune baisse de recrutement à déplorer. C’est semble-t-il le constat des recruteurs et professionnels de l’assurance. « Le secteur assiste à une recrudescence d’ouvertures d’agences par les compagnies et les mutuelles », souligne Carole Moreau, chargée de clientèle grands comptes chez Hays Assurance, dans l’étude de rémunération du cabinet consacrée au secteur.

Si la situation est à nuancer selon que l’on parle de compagnies d’assurance et courtiers ou de mutuelles, elle est globalement très positive. « Les compagnies et courtiers recrutent sensiblement les mêmes volumes de commerciaux que l’année dernière, soit plus qu’en 2007 », note Mathieu Motillon, Manager au sein de la division Banque et Assurance du cabinet Robert Half. L’enjeu pour ces acteurs est de conserver les clients acquis et de trouver un relai de croissance via l’acquisition de nouveaux clients.

Même constat dans le monde de la mutuelle. Ces structures, confrontées à un contexte européen concurrentiel, doivent trouver un nouveau souffle en développant leur marketing mais surtout en renforçant leurs réseaux commerciaux. « La demande de candidats y est plus forte que l’année dernière », ajoute Mathieu Motillon. « Ces structures souvent franco-françaises sont en outre peu impactées par le contexte international en logique de crise ».

Profils expérimentés recherchés

Les compagnies et structures mutualistes traquent plusieurs types de profils. « Nous observons des recrutements massifs sur les plates-formes téléphoniques, mais également sur les profils terrain », précise Carole Moreau. Ces commerciaux debout, recherchés tant par les compagnies que par les mutuelles, doivent conjuguer appétence commerciale et qualités de prospection.

Autres profils convoités : « les commerciaux en assurance collective avec une expérience déjà avérée de cinq années, surtout en prévoyance santé » note Mathieu Motillon. Ces candidats sont difficiles à trouver car ils bénéficient d’une véritable expertise. Enfin, les entreprises recrutent aussi de manière soutenue des commerciaux chargés de développer les partenariats. Le recrutement de ces candidats bac +4 ou 5, qui représentent un relai de croissance pour les acteurs de l’assurance, n’a pas faibli par rapport à l’année dernière.

A noter que le niveau de recrutement a changé. « Les cadres sont recrutés après avoir suivi une formation Bac+5, les non cadres sont recrutés à Bac+2, type BTS, contre un niveau Bac auparavant », souligne Carole Moreau.

La bonne nouvelle : les pénuries de candidats ont un impact positif sur les rémunérations. « Si les entreprises veulent maîtriser leurs coûts fixes, elles ont également des contraintes de performance », précise Mathieu Motillon. « Elles proposent donc des enveloppes de variable légèrement plus importantes à destination des commerciaux debout par exemple ». Le marché manque aussi de profils expérimentés sur l’assurance collective, ce qui tire les montants à la hausse.

Et cela ne devrait pas faiblir sur 2009. Selon les recruteurs, les entreprises ne feront pas d’économie sur le front-office et préfèreront, si nécessaire, appliquer les restrictions sur les fonctions support. Une bonne raison pour les commerciaux en assurance de ne pas appréhender l’année à venir.

Parcours pro : directeur d’agence chez LCL

Dans cette nouvelle rubrique, découvrez le parcours d’un professionnel. Cette semaine, Vincent Aubry, directeur d’agence chez LCL, a accepté de répondre à nos questions

1. Est-ce que vous pouvez nous présenter votre carrière ?
Après une formation en sciences économiques, je me suis dirigé vers la vente de réseaux informatiques. Après la crise de 2001, je suis devenu conseiller particuliers chez BNP Paribas, puis conseiller en patrimoine. J’ai ensuite suivi l’ITB (Institut Technique de Banque) pour devenir conseiller professionnel. L’ITB est une formation bancaire d’excellence qui permet d’acquérir une expertise sur tous les marchés et en management. Après quatre ans chez BNP Paribas et à l’issue de l’ITB, je suis rentré chez LCL en tant que directeur d’agence.

2. Quel est votre poste actuel et votre travail au quotidien ?
Je suis directeur d’une agence de 8 personnes qui gère les marchés professionnels, privés et particuliers. Je suis responsable du pilotage commercial de notre équipe, du contrôle, ainsi que de la gestion des risques.

3. Quels sont les plus et les moins du métier ?
Etre directeur d’agence est un métier varié : nous accompagnons les particuliers et les commerçants-artisans dans tous les aspects de leur vie économique. Nous suivons les clients sur toute une vie, finançons leurs projets et participons à leur enrichissement.
En revanche, la réglementation se complexifie. Nous devons faire face à de plus en plus de contrôles avec moins de moyens. Les conseillers sont moins nombreux, de même pour le back-office tandis que le nombre de clients augmente.

4. Comment évolue le métier ?
Une grande tendance : la banque de réseau se développe vers de nouveaux métiers. Nous devenons offreurs de services. LCL par exemple commercialise des produits Gaz de France, des services à la personne. Certains de nos concurrents vendent des téléphones. Nous avons vocation à devenir un supermarché des services. Chaque banque essaie de se tourner vers des produits de diversification pour trouver des sources de PNB (le chiffre d’affaires des banques) sans les risques liés à l’activité de crédit.

5. Est-ce que vous avez rencontré des difficultés au cours de votre carrière ?
Le milieu bancaire offre de nombreuses opportunités. C’est un métier dynamique qui permet de varier les expériences, les métiers, les lieux de travail. J’ai changé régulièrement de poste (presque tous les 18 mois) qu’il s’agisse de lieux, de responsabilités, de clients. Le métier permet une évolution rapide avec des responsabilités de plus en plus importantes, même si le salaire n’évolue pas toujours au même rythme.

6. Quelles sont les perspectives de carrière pour un directeur d’agence ?
Je souhaiterais pouvoir continuer à progresser à un poste de management, pas nécessairement dans le milieu bancaire. Je pense peut-être faire un MBA ou un executive MBA pour ensuite mettre mon expérience à profit au sein de PME. D’anciens directeurs d’agence sont parfois devenus courtier en assurance, prêt immobilier ou DAF dans des PME.

7. Est-ce que vous avez des conseils à donner à des candidats qui souhaiteraient évoluer vers ce type de poste?
Il faut savoir allier sens commercial et une très grande rigueur. Ces deux qualités me semblent absolument indispensables.

N’hésitez pas à nous contacter à l’adresse suivante si vous souhaitez vous aussi partager votre expérience : redaction@linkfinance.fr.

DAF : un métier en pleine évolution

Coralie Rachet, Associate Director au sein de la division Finance Entreprise du cabinet Robert Walters, a accepté de répondre à nos questions sur ce métier essentiel dans l’entreprise

1. Le métier de DAF a-t-il changé ces dernières années?
Les métiers de la fonction financière ont aujourd’hui beaucoup évolué compte tenu de l’environnement actuel :
– Plus de contrôle sur les marchés financiers avec de nouvelles règles de contrôle interne (LSF, SOX),
– Plus de transparence dans les comptes avec un nouveau référentiel comptable,
– Des marchés plus concurrentiels et plus internationaux (l’anglais, voire une deuxième langue, sont de rigueur),
– Compte tenu de la crise économique et d’une concurrence accrue, les méthodes de gestion « kaisen » « six sigma » et d’autres réductions de coûts sont parfois co-pilotés par la finance.

Comme pour la plupart des fonctions financières, on sent donc une professionnalisation de la fonction de directeur financier.

Considéré comme un véritable bras droit de la direction générale, le directeur financier doit savoir s’adresser aux actionnaires et aux banques pour s’immiscer avec valeur ajoutée dans un rôle de structuration et d’accompagnement. La finance, en entreprise, prend de plus en plus de poids, et évolue de manière logique vers des fonctions de direction générale.

2. Comment se porte le recrutement?
Le recrutement des cadres financiers est moins touché que d’autres fonctions supports car le contenu de ces fonctions reste stratégique pour piloter l’activité dans un environnement turbulent.

3. Quels types de profils sont recherchés?
Les entreprises demandent une bonne formation à la fois technique et théorique, mais aussi une vraie personnalité. Un DAF est avant tout un meneur d’Hommes et de projets, qui doit savoir conduire le changement, coordonner, diriger et surtout bien s’entourer !

Une solide expérience en corporate (banque, transaction services) devient un atout majeur pour négocier avec les banques.

4. Comment évoluent les rémunérations?
La rémunération globale des directeurs financiers sera en baisse avec un impact fort sur la partie variable (bonus et prime).

Nous constaterons aussi un décalage en fonction des profils, de l’expérience et du secteur économique. Deux tendances majeures se dégagent:

– une plus forte demande pour les candidats avec de fortes compétences techniques, des expériences de conduite du changement, de restructuration,
– une réduction des salaires pour les profils généralistes avec une expérience limitée.

5. Avez-vous quelques conseils de carrière aux directeurs financiers ou futurs DAF?
Compte tenu de la visibilité qu’ont les sociétés qui recrutent, les DAF ou futurs DAF doivent s’assurer que seules des fonctions au sein de sociétés solides et pérennes leur sont proposées. Qui plus est, il y a fort à parier qu’une fois sorties de la crise, ces sociétés connaîtront un boom d’activité, proposant des évolutions rapides.

Les banquières moins risk taker ?

Est-ce qu’il existerait une différence d’attitude face au risque entre les hommes et les femmes ? Dans le contexte de crise la question se pose et le banquier de sexe masculin semble de plus en plus le coupable idéal.

Deux chercheurs en neuroscience de l’Université de Cambridge, J. M. Coates et J. Herbert se sont plus sérieusement posés la question et ont analysé la salive d’une vingtaine de traders males à Londres pour étudier la relation entre niveaux de testostérone et prises de risques. Leurs conclusions sont sans appel. Le niveau de testostérone d’un trader le matin permet de prédire sa performance de la journée. Plus le trader a de testostérone, plus il prendra des risques. Dans un contexte de crise, un trader male pourra prendre des décisions encore plus risquées et irrationnelles.

L’éditorialiste du New York Times Nicholas D. Krisof a affirmé récemment que la crise aurait pu être évitée si plus de femmes avaient été impliquées dans les décisions. Au World Economic Forum de Davos, Nicholas D. Krisof s’est même demandé « si on serait aujourd’hui dans la même situation si Lehman Brothers avait été Lehman Sisters. La vérité est sûrement entre les deux : Lehman Brothers and Sisters ».

L’Executive master finance d’entreprise et marchés de capitaux de Sciences Po Paris

Jean-Christophe Vidal, Responsable pédagogique du programme & chargé de mission à Sciences Po Paris a répondu à nos questions.

Est-ce que vous pouvez nous présenter l’Executive master finance d’entreprise et marchés de capitaux de Sciences Po Paris en quelques mots ?

L’Executive master de Sciences Po est le seul à proposer en France une formation à la fois en finance d’entreprise et marché de capitaux. L’orientation internationale y est également très forte. Il s’adresse à des professionnels qui ont au moins 5 années d’expérience dans la finance ou 15 années d’expérience dans un autre domaine. La formation comprend 40 jours et s’étale sur 18 mois. Le démarrage des cours est plutôt intensif et ralentit un peu par la suite pour s’adapter au rythme des professionnels.

Dans quel contexte les professionnels choisissent de suivre la formation ?

Il s’agit pour eux de se former ou de se perfectionner en finance, souvent pour évoluer dans leur entreprise vers un poste à plus grande responsabilité. Par exemple un contrôleur de gestion qui veut devenir DAF, ou un banquier d’affaires qui évolue vers un poste de vice-président, vont suivre l’Executive master. C’est souvent une démarche conjointe de l’entreprise et du salarié. Le salarié émet le souhait de suivre une formation et l’entreprise finance la formation pour faire évoluer le salarié vers de nouvelles responsabilités en interne.

Quels sont les bénéfices de la formation pour un professionnel en poste ?

Sur les 5 dernières promotions, 50% de la promotion évoluent vers un poste à plus grande responsabilité pendant la formation au sein de leur entreprise ou parfois dans une autre. 25% obtiennent une promotion dans les 3 mois qui suivent et 25% dans les 6 à 8 mois. Beaucoup d’entre eux deviennent DAF. Certains DAF deviennent DG. Les non financiers évoluent vers des départements stratégiques ou des centres de profits. Enfin certains en profitent pour créer leurs entreprises.

Est-ce que la sélection est aussi rude que pour les formations initiales de Sciences Po Paris ?

Les candidats remplissent un dossier complet qui présente leurs fonctions antérieures, leurs projets, actions à l’international, leurs motivations et leur intérêt pour la finance. Au total 20% de candidats sont sélectionnés après les entretiens d’admission. Les candidats peuvent se représenter. Pour les candidats qui ne sont pas retenus, nous leur faisons systématiquement un retour pour qu’ils améliorent leurs dossiers ou complètent leurs expériences.