Le retour des bonus en Grande Bretagne

Les bonus sont de retour. Il est encore trop tôt pour l’interpréter comme une reprise de l’activité en finance et donc de l’emploi mais ce retour mérite d’être signalé. Comme le révèle le journal Le Monde six milliards de livres (6,6 milliards environ) ont été prévus cette année pour les professionnels de la City. Plus d’an après la faillite de Lehman Brother, les banques affichent de nouveaux de fortes performances et renouent aves les profits.

Les Etats-Unis suivent la même tendance. Selon le Wall Street Journal, les bonus 2009, déjà en hausse de 20% par rapport à ceux de 2008, dépasseront ceux de 2007, une année record en matière de rémunération. Chez Goldman Sachs, les bonus devraient atteindre 23 milliards de dollars.

Un institut Britannique de prévision, le CEBR, estime que les bonus vont passer de quatre milliards à six milliards de livres. Selon ce même institut il faudrait attendre encore 5 ans pour retrouver les niveaux comparables à ceux d’avant la crise.

Un retour des bonus très critiqué

Après plusieurs personnalités, parmi lesquelles Christine Lagarde, c’est au tour de Dominique Strauss-Kahn de s’exprimer sur les rémunérations variables. Le directeur général du Fonds monétaire international s’est ainsi dit « scandalisé » par le retour des bonus dans les banques. « C’est quelque chose qui a créé des drames et qui en créera encore si on n’y met pas un frein », a-t-il affirmé lors d’un entretien mis en ligne sur le site internet de la chaîne de télévision France 24.

Dominique Strauss-Kahn a déploré qu’on n’ait pas encore réussi à mettre en place des réglementations pour encadrer les rémunérations et éviter les prises de risques à l’origine des crises financières. « Il faut empêcher le retour d’un capitalisme non régulé », a-t-il déclaré, rappelant que le FMI n’a aucun pouvoir de réglementation sur les entreprises.

Les banques anglo-saxonnes mauvaises joueuses

Dans la ligne de mire : certaines banques, en particulier anglo-saxonnes, qui ont récemment recommencé à offrir des bonus garantis pour recruter ou garder des salariés. « Je sais pour l’avoir vérifié auprès des banques françaises que certaines banques étrangères ne jouent pas le jeu, et qu’en particulier les banques basées à Londres ou à New York s’affranchissent joyeusement de principes déclarés par les uns ou les autres et continuent à fonctionner comme avant », avait affirmé Christine Lagarde (Le Figaro.fr)

Selon la ministre, cette situation pénaliserait les banques françaises qui ont, selon elle, interdit les bonus garantis. A terme, le risque est d’assister à un exode des institutions financières françaises vers des places plus permissives. Calyon, la banque d’investissement du Crédit Agricole, est en train de développer sa filiale de courtage Cheuvreux à Londres. Même mouvement pour Natixis. La prochaine réunion du G20 à l’automne sera l’occasion d’harmoniser les pratiques.

Bonus en baisse de 62% pour les banquiers de la City

Ceux qui rêveraient encore de faire fortune en travaillant Outre-Manche devront revoir leurs aspirations. Les bonus versés aux banquiers de la City au cours de l’année 2008 ont en effet chuté de 62%. C’est ce que révèle l’enquête annuelle du cabinet Napier Scott Search Group réalisée auprès de 4.000 banquiers.

« De tous les grands centres financiers, la plus forte baisse des packages d’une année sur l’autre s’est faite sentir à Londres », souligne l’étude (L’Agefi). La chute est en effet supérieure à la moyenne mondiale qui a atteint 55% et constitue la plus forte baisse des rémunérations variables depuis 2000, date de la première enquête annuelle menée par le cabinet.

Ce retournement pour les banquiers de la City est « surprenant », selon Shaun Springer, Directeur du cabinet Napier Scott Search qui a réalisé cette étude. « Il est cependant encourageant car il montre que Londres prend au sérieux la crise financière mondiale et y répond en fixant des rémunérations plus modérées ».

La City : arrivée bon dernier

Les traders sur le change et les banquiers privés sont les moins affectés. A l’inverse, les professionnels des crédits structurés enregistrent une baisse de 86% de leur rémunération contre 77% pour les analystes quant.

Globalement, les rémunérations de Londres se placent maintenant loin derrière celles des autres centres financiers. Les banques européennes, qui paient leurs bonus en euros, affichent une baisse de 48% de l’enveloppe contre seulement 10% au Moyen Orient, région qui connaît le plus faible recul. A New York, Wall Street affiche parfois des salaires 40% plus élevés qu’à Londres.

« Les banquiers américains ont été mieux rémunérés que les européens car leur salaire a été fixé avant que les marchés ne dégringolent et que les critiques des politiques et de l’opinion publique n’augmentent » explique Shaun Springer. « De nombreuses banques américaines ont une année fiscale qui clôt au mois de novembre contrairement aux banques européenne dont l’année fiscale s’achève en janvier ou février ». Ces chiffres risqueraient de donner à réfléchir aux financiers encore basés à Londres.