Sécurité de l’emploi : les salariés sont plutôt sereins

Si la crise a eu un impact sur la confiance des salariés, ils sont tout de même plus de la moitié à ne pas éprouver davantage d’inquiétude qu’il y a un an concernant la sécurité de leur emploi. C’est ce que révèle une enquête réalisée par le cabinet de recrutement Robert Half auprès de 1.300 Responsables financiers et Ressources humaines dans 8 pays (France, Allemagne, Autriche, Belgique, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Suisse).

Que pensez-vous de la sécurité de votre emploi actuellement par rapport à il y a 12 mois ? C’est la question qui leur a été posée et les résultats sont plutôt encourageants : 54% des personnes interrogées éprouvent le même sentiment qu’il y a un an.

Si la France est dans la moyenne avec 53% des répondants aussi confiants que l’année dernière, c’est au Luxembourg et en Autriche que les résultats sont les plus positifs (avec respectivement 69% et 59% des personnes interrogées qui ne manifestent pas plus d’inquiétude).

La crise en filigrane

Mais on ne peut ignorer l’impact de la crise : ils sont 35% en moyenne à craindre plus pour la sécurité de leur emploi qu’il y a un an. Parmi eux, 21% se déclarent plutôt moins confiants vis-à-vis de la sécurité de leur emploi et 14% se disent beaucoup moins confiants qu’il y a un an.

A noter que les français ne sont pas les plus sereins. Les inquiétudes gagnent plus de 40% des sondés en France, en Italie et en Suisse tandis qu’au Luxembourg, elles concernent moins d’un cinquième des personnes interrogées (18%).

Jeune diplômé recherche emploi désespérément

Les jeunes diplômés sortis en 2008 ont du mal à intégrer le marché de l’emploi et la promotion 2009 est en plus mauvaise posture encore. C’est ce que révèle l’enquête publiée le 2 octobre de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) sur la situation professionnelle de la promotion 2008. Cette étude, réalisée entre avril et mai 2009 auprès de 4.040 diplômés de niveau bac +4, annonce des chiffres bien moins encourageants que ceux publiés en juin par la Conférence des grandes écoles (voir notre article du 29 juin 2009).

Seulement 68% des jeunes diplômés étaient embauchés huit mois après leur sortie contre 82% un an auparavant. Et le secteur de la finance, qui subit les répercussions de la crise financières depuis le deuxième semestre 2008, est encore plus touché : seuls 64% des jeunes diplômés 2008 avaient trouvé un emploi contre 83% en 2007.

Les conditions d’embauche se sont elles aussi dégradées : 54 % des jeunes diplômés ont signé un contrat à durée indéterminée (CDI) contre 61 % l’année précédente et 64 % ont accédé au statut de cadre, contre 70 % en 2008. Les évolutions récentes ne modifient pas la hiérarchie des diplômes. Les taux d’emploi les plus élevés reviennent aux étudiants d’écoles de commerce et de gestion (73 %) et les plus faibles à ceux de l’université (61 %).

Un mauvais moment à passer

8 jeunes diplômés sur 10 estiment que la crise est inquiétante et grave, et 66% trouvent que le terme révoltant correspond à la situation actuelle. Ils sont en outre 56% à penser qu’elle sera durable.

Pourtant, même si plus de la moitié pense que la situation économique ne va pas vite s’améliorer, l’avenir est envisagé avec relative confiance. 83% des jeunes disent avoir confiance dans leur propre avenir et 66% dans l’avenir de leurs proches… même si en juin 2010, la promotion suivante arrivera à son tour sur le marché du travail.

Grandes écoles : la promotion 2008 résiste plutôt bien à la crise

Indicateur plutôt encourageant, les jeunes diplômés de grandes écoles de la promotion 2008 avaient pour 70% d’entre eux trouvé un premier emploi en janvier 2009. C’est ce que révèle l’enquête annuelle de la Conférence des grandes écoles (CGE) publiée en juin 2009 et réalisée auprès de 65.000 diplômés de 186 écoles d’ingénieurs et de management.

En dépit de la crise, les chiffres sont plutôt bons et comparables aux années précédentes. La part de CDI atteint 79%. « Plus de 83% de nos élèves trouvent un emploi moins de deux mois après leur sortie en concédant, cependant, de petits efforts salariaux. Nous nous réjouissons que ces résultats, même s’ils enregistrent une baisse globale, demeurent satisfaisants », note Bernard Ramanantsoa, président de la commission aval à la CGE.

Le secteur de la finance reste étonnamment stable et représente le premier secteur d’embauche des jeunes diplômés. 15,8% des diplômés de la promotion 2008 ont ainsi rejoint une institution financière, une banque ou une compagnie d’assurance, tandis que 11,3% des candidats étaient embauchés par des cabinets d’audit et d’expertise-comptable.

Des chiffres difficiles à interpréter

Si l’étude constate que la situation des jeunes diplômés est loin d’être mauvaise, elle note aussi que les taux d’emploi constituent un retour par rapport à l’année 2007, c’est-à-dire au niveau d’avant la crise actuelle. L’enquête pose donc la question suivante : « La faible détérioration des indicateurs que nous constatons est-elle purement conjoncturelle ou annonce-t-elle un retournement de tendance plus préoccupant ? »

Les salaires moyens d’embauche, après plusieurs années de progression, se maintiennent à peine au niveau de l’année dernière (32.270 euros brut). En outre, si la durée moyenne de recherche d’emploi est en baisse, on peut se demander si les diplômés 2008 qui ont trouvé un emploi avant leur sortie (soit 61% de la promotion) n’ont pas simplement échappé « à temps » aux premières conséquences de la crise. L’étude s’interroge ainsi sur les chances des diplômés qui n’ont pas encore trouvé un emploi.

Le bilan doit être relativisé car l’enquête de la CGE a été réalisée en décembre dernier, c’est-à-dire avant que le marché du recrutement ne soit touché de plein fouet. Il nous faudra donc attendre les chiffres de la promotion 2009 pour réellement comprendre la tendance amorcée cette année.

L’audit adapte son modèle à la crise

Ernst & Young annonçait le 31 mars dernier la mise en place d’un plan de départs volontaires concernant environ 300 postes, soit 6% de ses effectifs. Ces mesures visaient surtout les salariés expérimentés de plus de trois ans d’ancienneté tandis que le cabinet prévoyait de continuer à recruter 400 jeunes diplômés sur 2009.

Une mobilité externe réduite

«Le modèle opérationnel du cabinet est basé sur l’embauche de jeunes diplômés avec en simultané le départ naturel de collaborateurs expérimentés vers de nouvelles carrières. Le contexte économique a modifié la donne et risque de remettre en cause cette logique de mobilité externe qui est une des clés de l’efficacité de ce modèle » précisait Ernst & Young.

Un problème partagé par l’ensemble des cabinets. « Le taux de turnover a baissé du fait de la crise. Les jeunes ont tendance à rester en poste. Les cabinets revoient donc leur structure pyramidale en proposant aux collaborateurs plus seniors de partir tout en continuant à embaucher des jeunes recrues », explique Laurent James, directeur du développement audit chez Fiducial. Des départs qui peuvent aussi permettre aux cabinets de se séparer de leurs moins bons éléments.

Parallèlement, les embauches de jeunes diplômés se poursuivent dans l’ensemble des cabinets, mais « elles sont plus exigeantes » ajoute Laurent James.

Les cabinets se serrent la ceinture et se diversifient

Si ces mesures visent à rétablir la pyramide des âges, elles doivent surtout permettre de réduire la masse salariale dans un contexte difficile. Le marché de l’audit n’est pas très bon, s’accordent à dire les recruteurs. On assiste à une baisse des honoraires et à des tensions au niveau des renouvellements des mandats. Ernst & Young par exemple a déjà prévenu que son chiffre d’affaires pourrait baisser de 5% cette année et d’autant l’année prochaine.

L’impact sur les salaires se fait donc sentir, en particulier sur la partie variable qui peut représenter 20 à 30% de la rémunération totale. « Un phénomène qui devrait se poursuivre sur l’année prochaine car certains cabinets clôturent leur compte au 31 mai ou au 30 septembre », précise Laurent James.

Seul moyen de patienter en attendant la fin de la crise pour les cabinets d’audit : la diversification. Pour Laurent James, « le développement passe par une activité de conseil plus marquée que les années précédentes car les métiers de CAC et d’audit légal ne sont plus ceux où l’on fait vraiment du chiffre d’affaires ».