L’optimisme de retour chez les chasseurs de tête

Certains considèrent qu’il s’agit d’un signe fort de reprise : les chasseurs de tête ne voient plus l’avenir en noir. C’est ce que révèle une étude prospective pour 2010 de l’association internationale des cabinets de conseil au recrutement de dirigeants, l’AESC. Selon cette enquête réalisée auprès de 268 participants internationaux, dont 46% d’européens, les chasseurs de tête seraient confiants quant à leurs perspectives d’activité pour l’année qui vient de débuter.

Une situation qui a radicalement changé en seulement douze mois: 56 % des sondés envisageraient positivement l’année 2010, alors qu’ils n’étaient que 9 % un an auparavant. A l’inverse, la part des pessimistes est tombée de 59% en 2008 à 9 % en décembre 2009. L’enquête réalisée en juin dernier par l’AESC montrait déjà que le moral des chasseurs de tête allait de mieux en mieux, les optimistes représentant alors 24 % des consultants interrogés.

Finance: peut mieux faire

Si l’optimisme semble gagner la majorité des chasseurs de tête, l’enquête révèle que les secteurs ne connaissent tous pas la même amélioration. La finance est loin d’être sortie d’affaire: 23,9 % des professionnels interrogés prévoient une « faible » activité pour l’année 2010 et 45,1 % l’annoncent « faible mais en amélioration ». Pas de quoi annoncer une pleine reprise pour la nouvelle année.

A noter que la nature des missions reste classique, avec une dominante des postes de directeur général et de directeur des opérations qui captent près de 50 % des prévisions des chasseurs de têtes.

Sécurité de l’emploi : les salariés sont plutôt sereins

Si la crise a eu un impact sur la confiance des salariés, ils sont tout de même plus de la moitié à ne pas éprouver davantage d’inquiétude qu’il y a un an concernant la sécurité de leur emploi. C’est ce que révèle une enquête réalisée par le cabinet de recrutement Robert Half auprès de 1.300 Responsables financiers et Ressources humaines dans 8 pays (France, Allemagne, Autriche, Belgique, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Suisse).

Que pensez-vous de la sécurité de votre emploi actuellement par rapport à il y a 12 mois ? C’est la question qui leur a été posée et les résultats sont plutôt encourageants : 54% des personnes interrogées éprouvent le même sentiment qu’il y a un an.

Si la France est dans la moyenne avec 53% des répondants aussi confiants que l’année dernière, c’est au Luxembourg et en Autriche que les résultats sont les plus positifs (avec respectivement 69% et 59% des personnes interrogées qui ne manifestent pas plus d’inquiétude).

La crise en filigrane

Mais on ne peut ignorer l’impact de la crise : ils sont 35% en moyenne à craindre plus pour la sécurité de leur emploi qu’il y a un an. Parmi eux, 21% se déclarent plutôt moins confiants vis-à-vis de la sécurité de leur emploi et 14% se disent beaucoup moins confiants qu’il y a un an.

A noter que les français ne sont pas les plus sereins. Les inquiétudes gagnent plus de 40% des sondés en France, en Italie et en Suisse tandis qu’au Luxembourg, elles concernent moins d’un cinquième des personnes interrogées (18%).

Jeune diplômé recherche emploi désespérément

Les jeunes diplômés sortis en 2008 ont du mal à intégrer le marché de l’emploi et la promotion 2009 est en plus mauvaise posture encore. C’est ce que révèle l’enquête publiée le 2 octobre de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) sur la situation professionnelle de la promotion 2008. Cette étude, réalisée entre avril et mai 2009 auprès de 4.040 diplômés de niveau bac +4, annonce des chiffres bien moins encourageants que ceux publiés en juin par la Conférence des grandes écoles (voir notre article du 29 juin 2009).

Seulement 68% des jeunes diplômés étaient embauchés huit mois après leur sortie contre 82% un an auparavant. Et le secteur de la finance, qui subit les répercussions de la crise financières depuis le deuxième semestre 2008, est encore plus touché : seuls 64% des jeunes diplômés 2008 avaient trouvé un emploi contre 83% en 2007.

Les conditions d’embauche se sont elles aussi dégradées : 54 % des jeunes diplômés ont signé un contrat à durée indéterminée (CDI) contre 61 % l’année précédente et 64 % ont accédé au statut de cadre, contre 70 % en 2008. Les évolutions récentes ne modifient pas la hiérarchie des diplômes. Les taux d’emploi les plus élevés reviennent aux étudiants d’écoles de commerce et de gestion (73 %) et les plus faibles à ceux de l’université (61 %).

Un mauvais moment à passer

8 jeunes diplômés sur 10 estiment que la crise est inquiétante et grave, et 66% trouvent que le terme révoltant correspond à la situation actuelle. Ils sont en outre 56% à penser qu’elle sera durable.

Pourtant, même si plus de la moitié pense que la situation économique ne va pas vite s’améliorer, l’avenir est envisagé avec relative confiance. 83% des jeunes disent avoir confiance dans leur propre avenir et 66% dans l’avenir de leurs proches… même si en juin 2010, la promotion suivante arrivera à son tour sur le marché du travail.

Les départements finance et comptabilité, épargnés par la crise ?

Le marché de l’emploi des financiers et des comptables ne serait pas plus touché par la crise que les autres secteurs. C’est ce que révèle une étude réalisée par Robert Half dans 19 pays auprès de 5.000 directeurs des ressources humaines et directeurs financiers.

Selon ce sondage, 51% des personnes interrogées considèrent que les employés des départements financiers et comptables risquent autant d’être licenciés que leurs collègues d’autres départements (moins pour 30% et plus pour 8%). Selon Fabrice Coudray, Director de Robert Half International France, « même si les derniers mois ont largement démontré que la crise n’épargnait personne, le marché de l’emploi des financiers et des comptables est resté plus épargné que d’autres (-18% contre -40/60%)».

Des chiffres encourageants

Les résultats sont rassurants. En France,60% des directeurs des ressources humaines et des directeurs financiers pensent que les fonctions financières et comptables sont autant exposées que les autres à la crise et aux licenciements, 18% qu’elles le sont moins et 9% qu’elles le sont plus.

Toujours selon cette étude, la plupart des pays partagent ce constat. Le chiffre atteint 50% des répondants en Espagne et en Suisse, 51% en Autriche et au Royaume-Uni, 52% à Singapour, 53% en Irlande et aux Pays-Bas, 55% en Belgique, 56% en Italie, 57% à Hong Kong, 61% au Luxembourg, 62% en Allemagne et même 65% au Brésil.

A noter que dans certains pays, ces fonctions seraient même moins exposées que les autres, notamment en République Tchèque, au Japon et à Dubaï.

Retour à la normale en 2013 pour l’emploi en finance

Selon un rapport publié par les autorités municipales de la City de Londres le secteur financier en Europe devrait retrouver ses niveaux d’emploi d’avant la crise à partir de 2013. L’Angleterre aura été le pays le plus durement touché par la crise avec une perte nette de 10 000 emplois dans le secteur de la banque, de l’assurance et de la gestion des fonds sur 4 ans.

Les banques européennes et les institutions financières ont supprimé 140 000 emplois depuis le troisième trimestre 2007. Elles devraient supprimer plus de 84 000 emplois encore cette année, dont 35 000 en Angleterre. Pour rappel, les services de l’industrie financière en Europe représentent 219 milliards d’euros et emploient plus de 1,4 millions de personnes.

385.000 postes supprimés en finance dans le monde

Selon les données compilées par Reuters et reprises par le journal La Tribune, 384.661 postes ont été supprimés en finance dans le monde depuis le début de la crise en août 2007. Les banques ont été les établissements les plus sévèrement touchées, en particulier Citigroup avec 75.000 postes supprimés, Bank of America avec 45.500 postes, et enfin JP Morgan avec 23.700 postes.

Les banques européennes ont été moins touchées par la crise. HSBC, UBS et la Royal Bank of Scotland ont détruit respectivement 16.350, 19.700, et 19.700 emplois.

Les rapprochements entre banques expliquent en partie les suppressions d’emploi. La reprise de Bear Stearns par JP Morgan a ainsi entrainé la suppression immédiate de 7.600 emplois et plus de 14.000 devraient être supprimés en 2009.

Notons que les banques françaises n’occupent pas les premières places de ce triste palmarès.