Parcours pro: International Credit Manager

Dans cette nouvelle rubrique, découvrez le parcours d’un professionnel. Cette semaine, Christophe Benoît Lavernhe, International Credit Manager chez Le Coq Sportif, a accepté de répondre à nos questions.

1. Est-ce que vous pouvez nous présenter votre parcours?
Après 5 années d’étude de droit, j’ai intégré la SNI qui gérait un parc immobilier locatif parisien à majorité social. Je suis ainsi devenu le « référent » en matière de précontentieux dans une des 4 agences sociales parisiennes pendant 12 mois. Ce sont mes premiers pas dans un des métiers du credit manager : le recouvrement et le contentieux. Au terme de cette mission, j’ai commencé à écrire des « piges » juridiques et patrimoniales pour une des publications de la Revue Fiduciaire. Deux ans après, je quittais l’entreprise en quête d’un métier dans lequel je pourrais mesurer moi-même mes performances, sans être sujet à la subjectivité du « rédac chef ». J’ai alors eu la chance de rencontrer quelques credit managers qui m’ont convaincu de l’intérêt d’exercer un métier au carrefour des problématiques commerciales, juridiques et financières. Après quelques courtes missions, je quittais Paris pour l’Alsace et rejoignais Columbia Sportswear Europe. J’y ai géré le contentieux et la police d’assurance crédit pour l’Europe et quelques clients espagnols. 3 ans après y avoir fait mes armes, je croisais le chemin du Coq Sportif qui venait d’être repris par le fond d’investissement AIRESIS. Je rejoignais la toute nouvelle équipe en constitution pour apporter au projet ma dose de dynamisme et de folie.

2-Quel est votre poste actuel et votre travail au quotidien ?
Je suis Crédit Manager International pour le Groupe Le Coq Sportif. Cela consiste, pour les 4 sociétés du groupe dans le contexte de reprise de l’entreprise et de reconquête du marché, à :
– optimiser le cash flow (délais de paiement, process de recouvrement);
– financer nos créances (Dailly, MCNE, affacturage, escompte);
– encadrer nos plus grosses prises de risques (contrat, assurance crédit, garantie corporate ou bancaire internationale).

3-Quels sont les plus et les moins du métier de credit manager ?
Tout dépend de la place donnée au métier par l’entreprise et donc aux besoins de celle-ci. Au Coq, le « plus » est la variété des missions et la confiance qui m’est donnée. Le « moins » est d’être servi après le client – ce qui devrait être une règle « d’avantage satisfaire les 80% de bons clients puis mieux recouvrer les 20% restant ».

4- Comment évolue le métier ?
Il y a fort à parier que c’est la crise qui fera évoluer le métier en continuant de lui donner une place plus importante dans les entreprises. Elle incitera peut-être certaines d’entre elles à se doter d’un credit manager à part entière et plus seulement d’un super « comptable client ».

5-Est-ce que vous avez rencontré des difficultés au cours de votre carrière ?
Ayant une formation juridique et un parcours atypique, il n’a pas toujours été simple de trouver ma place au sein d’une direction financière. Mais c’est également cette différence qui me permet d’être très réactif sur certaines problématiques de risque au sens large. Ma formation est donc à la fois mon pire ennemi et mon meilleur atout.

6- Quelles sont les perspectives d’évolution pour un credit manager ?

Je ne crois pas qu’il y ait d’évolution naturelle ou type. Au contraire, il existe une multitude de possibilités tenant tant à la formation et la sensibilité du credit manager (financière, commerciale, juridique…), qu’aux possibilités offertes par l’entreprise. Ayant une fonction transversale, le credit manager pourrait prendre des responsabilités dans les départements de trésorerie, controlling, ventes, juridique ou devenir risk manager.

7- Avez-vous des conseils à destination des candidats qui souhaiteraient évoluer vers ce type de poste ?
« Touchez à tout » en entrant par la petite porte d’une grande entreprise pour y découvrir les différentes missions qui peuvent être confiées à un credit manager, puis orientez-vous vers un poste qui réunira les missions que vous aurez privilégiées. Et souvenez-vous que nous accompagnons la force de vente dans la réalisation d’un CA sain et la direction de l’entreprise dans sa prise de risque. Le risque zéro n’est pas notre ami !

Recrute credit managers

L’embauche des credit managers ne semble pas souffrir de la crise. C’est le constat quasi unanime des recruteurs. Si on sait qu’en moyenne 40% de l’actif d’une entreprise est directement lié au compte clients, on comprend aisément le rôle central dans l’entreprise de ce professionnel .

Le credit manager a en effet pour fonction de maîtriser l’encours client. Il identifie ainsi tout ce qui peut conduire à des retards ou à des contentieux et met en place des processus de qualité tout au long de la relation client. « Le credit manager fait le lien entre la direction commerciale et la direction financière pour s’assurer que le client a une surface financière adéquate et qu’il paie la somme due », précise David Peyran, Directeur au sein du cabinet Creditjob.

Si sa mission principale à l’origine était de recouvrer les créances, l’optimisation du BFR et l’étude des risques prennent de plus en plus d’importance en ces temps de crise. Lorsque les clients sont nombreux, les effets de levier peuvent être très importants et la fonction du credit manager devient alors primordiale.

Une fonction qui s’étoffe

« Avant rattaché à la comptabilité, le credit manager est devenu une fonction à part entière avec un périmètre qui varie d’une entreprise à l’autre » souligne David Peyran. Selon qu’il travaille en PME, dans une grande entreprise ou même en cabinet d’audit, le credit manager peut combiner sa fonction avec d’autres : logistique, achats, cash management, contrôle de gestion… Une grande flexibilité est donc exigée.

Les profils recherchés sont donc de plus en plus pointus : on demande à cet expert d’être un excellent financier, un bon commercial, d’avoir des connaissances juridiques et des qualités managériales. Une étude réalisée en 2008 par le cabinet Robert Half avec l’association française des credit managers et conseils révèle que la mission de management prend une place croissante dans l’activité de cet expert : elle passe même en 1ère position (55%) devant l’analyse financière (52%).

Le mouton à cinq pattes

Pas étonnant donc que le candidat idéal soit difficile à trouver. « Du fait d’un contexte économique tendu, nous rencontrons des difficultés à recruter. Nous sommes à la recherche d’un credit manager depuis plusieurs semaines. Le marché s’étant durci sensiblement, nous devons être plus exigeant avec les profils rencontrés et des qualités comme l’adaptabilité, la mobilité ou encore l’autonomie », précise Farid Lubina, Finance & Sales Process Manager chez PPG Industries France interrogé par Hays.

« Il n’existe pas de profil type car les français ont commencé à être sensibilisé à cette fonction il y a peu de temps », explique David Peyran. Pour lui, le candidat idéal est diplômé d’un bac +4 ou 5 en finance, en credit management (programmes lancés par quelques écoles de commerce) ou en droit mais certains candidats peuvent avoir des parcours totalement différents : diplôme en sciences, niveau bac…

Un signe qui ne trompe pas sur la reconnaissance des credit managers: leurs salaires connaissent une hausse conséquente. Près de 7% d’augmentation entre 2006 et 2008 et un salaire moyen qui oscille entre 35 et 70 k€ pour un credit manager avec 3 à 6 années d’expérience et entre 65 et 90 k€ pour un senior avec 10 ans d’expérience.