Carrière à suivre : Portrait de Christine Eynaud, DAF, Hédiard

Christine Eynaud a démarré sa carrière en cabinet d’audit. Après 3 ans de missions opérationnelles très formatrices chez Deloitte, Christine Eynaud décide de rejoindre la FNAC pour décrocher son premier poste en contrôle de gestion. Elle accompagnera pendant plus de 10 ans l’évolution du groupe, avant de devenir directrice financière de filiales. En 2008, Christine Eynaud prend la direction financière du groupe Hédiard. Une même motivation semble avoir déterminé ses choix de carrière à chaque fois : prendre du plaisir dans la découverte de nouvelles activités et de nouveaux business model.

Comment a démarré votre carrière dans la finance ?

J’ai démarré en audit chez Deloitte à un poste assez généraliste, où je suis restée trois ans. Les raisons de mon départ sont assez simples : la volonté d’évoluer vers un poste opérationnel. Je préférais rejoindre l’entreprise pour être plus dans la mise en œuvre de projets et moins sur le contrôle. L’idée était vraiment d’être dans l’action.

Le cabinet d’audit a été très formateur. Vous voyez beaucoup de cas d’entreprises issus de nombreux secteurs pour lesquels vous analysez les process, les zones de risques. On y acquiert une culture en mode accéléré du monde de l’entreprise. La méthodologie des cabinets vous pousse à respecter un certain formalisme. Tout ce que vous faites va être lu et contrôlé. Cela donne de bonnes habitudes de travail qui sont conservées par la suite. De plus, le cabinet accompagne les équipes par de nombreux séminaires de formation. Avec le recul, c’est un bon choix pour démarrer une carrière.

Quelle a été votre formation initiale ?

J’ai fait Sup de Co Bordeaux, BEM aujourd’hui. Le cursus est assez général, on y acquiert une bonne vision stratégique de l’entreprise et des compétences en gestion de projets. J’ai toujours aimé cet équilibre entre la stratégie et la mise en œuvre de projets.

Comment a évolué votre carrière après votre expérience en cabinet d’audit ?

J’ai rejoint la FNAC à partir des années 90 à un poste de contrôle de gestion. Mon rôle principal était d’analyser la performance de l’entreprise et de mettre en place des process d’organisation et de mesurer cette performance. J’ai été responsable du contrôle de gestion des magasins, ce qui permettait d’avoir une vision en amont des décisions et en aval sur leurs applications. J’assurais au départ le suivi de près d’une trentaine de magasins, organisés en BU, puis ensuite en régions. J’ai développé l’utilisation de benchmarks entre les magasins pour aligner leur performance. Le nombre de magasins a plus que doublé pendant la période.

Au contrôle de gestion j’ai accompagné la croissance du groupe et sa structuration financière, dans le contexte d’appartenance au groupe PPR coté, qui a exigé la mise en place de process, plus d’exigence dans les délais et la publication des résultats. Il a fallu accompagner ces évolutions. Le contrôle de gestion était au cœur de la mise en place de la stratégie d’entreprise et des plans d’actions opérationnels. C’était un poste qui comportait une forte composante de management transversal des équipes du siège et des équipes opérationnelles, ainsi que de fortes capacités de conviction.

Comment avez-vous décroché votre premier poste de DAF ?

J’ai souhaité évoluer en filiale pour intégrer un comité de direction, participer activement aux décisions, et élargir mon périmètre de compétences à la comptabilité et à la trésorerie. J’étais en charge d’une filiale centrale d’achat du groupe. J’ai fait le constat que la logistique de cette activité devait être réintégrée dans la logistique centrale du groupe et j’ai été amenée à restructurer cette filiale. C’était mon premier poste de DAF. Il ne faut pas hésiter à proposer un scénario en rupture avec les schémas établis. Je suis restée en mission 1 an et demi. J’ai ensuite pris la direction financière de Eveil et Jeux qui est sorti du groupe Fnac depuis. J’ai découvert un business model différent avec de la vente à distance et une organisation multicanale, en marge du core business du groupe. Cela m’a permis d’appréhender l’univers des PME.

Qu’est-ce qui vous a décidé à rejoindre le groupe Hédiard ?

J’ai été chassée. Je suis rentré chez Hédiard avec une nouvelle équipe de direction suite au changement d’actionnaire. C’est une très belle marque qui fait partie du patrimoine avec de beaux challenges en termes de repositionnement et de développement à l’international. C’est un projet qui m’a tout de suite intéressée avec un vrai besoin de réflexion stratégique et de management très opérationnel auprès des équipes.

Qu’est-ce qui vous a aidé à réussir dans votre carrière?

Il faut savoir prendre du plaisir dans la découverte de nouvelles activités et de nouveaux business model. C’est déterminant pour les fonctions financières qui doivent aider au pilotage de l’entreprise. Cette compréhension opérationnelle permet au DAF d’avoir une vision globale de l’entreprise, et d’être un référent auprès du comité de direction. Le DAF doit également savoir travailler avec autonomie, prendre des initiatives et expliquer ses décisions. Il doit trouver son équilibre avec le directeur général en parlant un langage commun.

Est-ce que vous avez des conseils de gestion de carrière ?

Je crois qu’en termes d’attitude, il faut savoir s’intéresser aux autres fonctions de l’entreprise et les comprendre. C’est une source de progrès très forte. Il faut être à l’aise dans son environnement et comprendre son secteur d’activité. Enfin, le DAF doit s’ouvrir à l’extérieur, en restant en veille sur les bonnes pratiques, ou les évolutions en matière d’outils, et communiquer. A compétences égales, c’est toujours la personnalité qui fait la différence.

Comment a évolué le métier de DAF aujourd’hui ?

Il a évolué vers une culture du cash, et un objectif de productivité des services financiers. Le DAF est le gardien des moyens engagés pour atteindre la rentabilité cible.