« L’objectif du Master est de former des cadres polyvalents pour s’adapter à un environnement mouvant », Hélène Raymond et Sessi Tokpavi, Responsables du Master 2 Gestion des Actifs de l’Université de Nanterre.


Est-ce que vous pouvez nous présenter le Master 2 Gestion des Actifs ?
Le Master 2 Gestion des Actifs de l’Université Paris Ouest Nanterre a été créé en 2005 pour répondre aux besoins de professionnalisation des étudiants, dans un contexte où le DEA Monnaie, Banque, Finance qui existait depuis plus de 20 ans à Nanterre ne répondait plus entièrement aux besoins de formation.

Combien avez vous de promotions ?

Nous en sommes donc à notre 9ième promotion.

Quel est l’objectif de la formation ?

L’objectif du Master 2 est de former des cadres avec une solide formation en banque et en finance de marché, qui soient suffisamment polyvalents pour s’adapter à un environnement financier et réglementaire mouvant et à une palette de métiers allant de la Gestion d’Actifs au Conseil, en passant par la Banque et l’Analyse Financière. Le but n’est pas de leur faire acquérir une simple maîtrise des techniques, mais aussi de leur donner suffisamment de recul sur les instruments et les modèles utilisés pour qu’ils en perçoivent les apports et les limites.

Par ailleurs, la formation permet maintenant aussi aux étudiants qui le souhaitent de poursuivre en thèse. Les opportunités offertes par un Doctorat en économie et finance sont souvent négligées par les étudiants qui s’imaginent souvent à tort que cette voie n’offre pas de vrais débouchés et est réservée à ceux qui visent une carrière universitaire. Or – même si l’information a encore du mal à bien diffuser – il faut savoir que les Universités se sont largement ouvertes au monde de l’entreprise et qu’il est possible de faire des thèses sous contrat en entreprise ; ce qu’on appelle des thèses en CIFRE. Les profils de Docteurs en Finance sont donc en fait encore rares relativement aux besoins et sont prisés à la fois des institutions financières (grandes et petites) et des Universités et des autres organismes de recherche.

Quels sont les points forts du programme ?

Outre une formation très solide et complète sur les risques financiers (méthodes d’évaluation, instruments et méthodes de gestion) et les techniques de choix de portefeuilles, nous mettons aussi beaucoup l’accent sur l’évolution de la régulation financière, tant en ce qui concerne les banques que les marchés. Compte tenu des grands chantiers réglementaires en cours dans le domaine de la finance et des enjeux – pour les institutions financières et pour la stabilité du système financier dans son ensemble – nous jugeons qu’il est essentiel de donner à nos étudiants à la fois des compétences opérationnelles (qui passent entre autres par la certification AMF) et une vision critique d’ensemble des évolutions à l’oeuvre.

Quels sont les profils des étudiants ?

Nos étudiants proviennent essentiellement des Universités, même si nous accueillons régulièrement d’autres profils (écoles de commerce, ingénieurs, reprise d’étude, …).
La plupart ont validé un Master 1 d’économie (ou parfois de gestion) avec une coloration orientée vers les questions monétaires, bancaires et financières.
Un certain nombre viennent d’ailleurs de notre première année de Master Monnaie, Banque, Finance, Assurance à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense. Mais il y a une grande diversité des Universités d’origine : nos étudiants viennent aussi bien d’Universités parisiennes que de province, voire d’Universités étrangères.
La charge de travail étant relativement conséquente et assez concentrée en peu de mois, il s’agit souvent de bons étudiants qui ont validé avec mention une ou plusieurs de leurs années de formation antérieures.

Comment est composé le corps enseignants ?

Il est composé environ pour moitié d’enseignants issus de l’Université. Il s’agit d’enseignants-chercheurs, qui ont à la fois une expérience pédagogique solide et une expertise économique et financière éprouvée. Leurs enseignements bénéficient des dernières avancées qu’ils ont pu  acquérir à travers leur pratique de la recherche. C’est particulièrement crucial dans un domaine en évolution permanente.

Pour l’autre moitié le corps enseignants est composé d’intervenants issus du monde de l’entreprise, en l’occurrence des banques (y compris la Banque Centrale), d’agences de notation et de sociétés de conseil et de gestion de portefeuilles. C’est tout aussi essentiel pour la qualité de la formation.
L’intervention de professionnels issus du monde de la finance permet en effet d’irriguer les enseignements avec l’expérience capitalisée par ces intervenants. Non seulement cela permet à nos étudiants d’acquérir des compétences opérationnelles et à jour correspondant aux meilleurs pratiques professionnelles, mais cela permet aussi de croiser les regards et les approches et à ce titre d’enrichir de façon considérable le contenu de la formation.

Quelles sont  vos relations avec les entreprises ?

Nos relations avec les entreprises passent à travers plusieurs canaux. Tout d’abord, comme on l’a vu, il y a le canal des intervenants extérieurs issus du monde de l’entreprise et avec lesquels nous collaborons au sein même de la formation. Ensuite, il y a ceux que nous rencontrons à l’occasion des stages de nos étudiants et lors des soutenances de leurs rapports de stage, qui donnent l’opportunité d’échanges souvent très intéressants. Les étudiants sont d’ailleurs très largement bénéficiaires de ces échanges : aussi bien celui/celle qui soutient, que ceux à venir. Car les échanges avec les tuteurs de stages sont souvent l’occasion de prendre date pour le futur, les stages se passant généralement de façon très satisfaisante. Par ailleurs, avec l’appui de l’Université nous associons nos étudiants à des rencontres professionnelles avec des entreprises recruteuses dans le domaine de la finance et du conseil, ce qui non seulement leur facilite la recherche de stages et de débouchés, mais leur permet aussi de mieux saisir les besoins des entreprises et d’orienter leurs démarches en conséquence. Enfin, nous avons à cœur de contribuer nous même à ouvrir nos formations et notre centre de recherche (economix.fr) sur l’extérieur et nous organisons donc régulièrement des journées d’études (Tables rondes de la finance, Journées d’études sur les Fonds Souverains, …) auxquelles nous associons des professionnels de la finance.

Que deviennent vos anciens ? Est-ce que vous avez des exemples ?

La palette de leurs débouchés a été assez variée. Près de la moitié a trouvé des débouchés dans les banques, près d’un tiers ont été embauchés par des sociétés de Gestion de portefeuilles et le restant dans des sociétés de courtage et dans le conseil. Parmi les intitulés de premiers postes qui reviennent régulièrement on retrouve, entre autres: Analyste Risques, Analyste investissement, Assistant gérant, Chargé de conformité, Consultant finance, Gestionnaire middle office. Bien sûr cette liste est  loin d’être exhaustive et elle est aussi appelée à évoluer avec le paysage financier et réglementaire. Les étudiants se focalisent souvent sur la figure du trader en salle de marché, mais il faut savoir que ce type de profil représente un nombre très réduit de postes, souvent trustés – à tort probablement, ainsi que la dernière crise en témoigne – par des étudiants issus de grandes écoles. Ce n’est que la pointe émergée de l’iceberg qui comprend une pléthore d’autres débouchés, tout autant, sinon bien plus, essentiels pour le bon fonctionnement de notre système économique et financier.

Est-ce que votre formation est accessible également en formation continue ?

Jusqu’ici le calendrier s’y prêtait mal, la formation ayant été avant tout conçue au départ pour les besoins d’étudiants en formation initiale. Mais les derniers changements de calendrier de l’Université et des Écoles doctorales (chargées de l’attribution de financements de thèses notamment) nous ont amenés à revoir notre calendrier et à concentrer l’essentiel des cours entre septembre et décembre. Ce calendrier plus resserré peut faciliter l’accès en formation continue.

Comment procédez vous pour faire évoluer votre programme ?

Nous avons la chance d’avoir pu rassembler au sein de notre équipe de formation  des experts qui se tiennent parfaitement à jour des dernières évolutions et sont ainsi en mesure de mettre à jour en continu leurs cours. Pour ce qui est des révisions plus importantes touchant à la structuration même de la formation (intitulés de cours, articulations en différents modules, …) elles ont lieu tous les 4 ans, ce qui nous permet de remettre à plat l’ensemble et de trouver des solutions pour renforcer les points qui doivent l’être. A cet égard je tiens à remercier nos anciens étudiants – et en particulier ceux qui ont accepté de jouer le rôle de délégués du Master 2 – qui par leurs remarques toujours constructives ont contribué à améliorer la formation. En effet, depuis plusieurs années nous demandons à nos étudiants d’élire en leur sein des délégués qui constituent nos interlocuteurs privilégiés pour faire circuler plus efficacement l’information et faire remonter rapidement les éventuels problèmes.



Après un Magistère d’économie et un Doctorat en Science économique à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne, Hélène Raymond (en photo) a été nommée Maître de conférences à Paris I en 1994, où elle a soutenu son habilitation à diriger des recherches. Agrégée des Universités en 1998, elle a été en poste comme Professeur des Universités à Metz et à Lille 2 et consultante à la Banque de France. Depuis 2004 elle est en poste à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense. Ses recherches portent sur les domaines de la finance de marché et de la macroéconomie monétaire ouverte et concernent, en particulier, l’impact des comportements des acteurs financiers sur la dynamique et la stabilité des marchés (bourse, change, dérivés de matières premières). Hélène Raymond a encadré plusieurs thèses sur des sujets variés (Spams boursiers et efficience, Réactions des bourses aux news macroéconomiques, Cross listing, arbitrage et intégration financière, …). Dernièrement elle a publié plusieurs articles sur les fonds souverains et sur les valeurs refuges et a contribué à l’ouvrage Les systèmes financiers : Mutations, crises et régulation (Economica).

Après une thèse de Doctorat sur la Value-at-Risk à l’Université d’Orléans (2009, direction C. Hurlin et G. Colletaz), Sessi Tokpavi a été recruté comme Maître de Conférences à l‘Université Paris Ouest Nanterre La Défense. Ses recherches portent sur les domaines de l’économétrie et des statistiques appliquées à la finance. Spécialiste reconnu des calculs de risques financiers et en particulier de Value-at-Risk, Sessi Tokpavi s’est récemment tourné davantage vers la gestion de portefeuilles, aussi bien d’un point de vue pratique (conseil), que d’un point de vue recherche. Ses travaux portent sur les tests de validité de la Value-at-Risk et les procédures de backtesting, ainsi que sur la gestion de portefeuille. Parmi ses travaux récents on peut citer : Asset Allocation with Aversion to Parameter Uncertainty: A Minimax Regression Approach et Sampling Error and Double Shrinkage Estimation of Minimum Variance Portfolios, en collaboration avec Bertrand Candelon et Christophe Hurlin, paru dans le Journal of Empirical Finance en 2012.

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