L’audit adapte son modèle à la crise

Ernst & Young annonçait le 31 mars dernier la mise en place d’un plan de départs volontaires concernant environ 300 postes, soit 6% de ses effectifs. Ces mesures visaient surtout les salariés expérimentés de plus de trois ans d’ancienneté tandis que le cabinet prévoyait de continuer à recruter 400 jeunes diplômés sur 2009.

Une mobilité externe réduite

«Le modèle opérationnel du cabinet est basé sur l’embauche de jeunes diplômés avec en simultané le départ naturel de collaborateurs expérimentés vers de nouvelles carrières. Le contexte économique a modifié la donne et risque de remettre en cause cette logique de mobilité externe qui est une des clés de l’efficacité de ce modèle » précisait Ernst & Young.

Un problème partagé par l’ensemble des cabinets. « Le taux de turnover a baissé du fait de la crise. Les jeunes ont tendance à rester en poste. Les cabinets revoient donc leur structure pyramidale en proposant aux collaborateurs plus seniors de partir tout en continuant à embaucher des jeunes recrues », explique Laurent James, directeur du développement audit chez Fiducial. Des départs qui peuvent aussi permettre aux cabinets de se séparer de leurs moins bons éléments.

Parallèlement, les embauches de jeunes diplômés se poursuivent dans l’ensemble des cabinets, mais « elles sont plus exigeantes » ajoute Laurent James.

Les cabinets se serrent la ceinture et se diversifient

Si ces mesures visent à rétablir la pyramide des âges, elles doivent surtout permettre de réduire la masse salariale dans un contexte difficile. Le marché de l’audit n’est pas très bon, s’accordent à dire les recruteurs. On assiste à une baisse des honoraires et à des tensions au niveau des renouvellements des mandats. Ernst & Young par exemple a déjà prévenu que son chiffre d’affaires pourrait baisser de 5% cette année et d’autant l’année prochaine.

L’impact sur les salaires se fait donc sentir, en particulier sur la partie variable qui peut représenter 20 à 30% de la rémunération totale. « Un phénomène qui devrait se poursuivre sur l’année prochaine car certains cabinets clôturent leur compte au 31 mai ou au 30 septembre », précise Laurent James.

Seul moyen de patienter en attendant la fin de la crise pour les cabinets d’audit : la diversification. Pour Laurent James, « le développement passe par une activité de conseil plus marquée que les années précédentes car les métiers de CAC et d’audit légal ne sont plus ceux où l’on fait vraiment du chiffre d’affaires ».

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