Le recrutement des commerciaux en assurance ne connaît pas la crise

Les commerciaux en assurance ont le vent en poupe : aucune baisse de recrutement à déplorer. C’est semble-t-il le constat des recruteurs et professionnels de l’assurance. « Le secteur assiste à une recrudescence d’ouvertures d’agences par les compagnies et les mutuelles », souligne Carole Moreau, chargée de clientèle grands comptes chez Hays Assurance, dans l’étude de rémunération du cabinet consacrée au secteur.

Si la situation est à nuancer selon que l’on parle de compagnies d’assurance et courtiers ou de mutuelles, elle est globalement très positive. « Les compagnies et courtiers recrutent sensiblement les mêmes volumes de commerciaux que l’année dernière, soit plus qu’en 2007 », note Mathieu Motillon, Manager au sein de la division Banque et Assurance du cabinet Robert Half. L’enjeu pour ces acteurs est de conserver les clients acquis et de trouver un relai de croissance via l’acquisition de nouveaux clients.

Même constat dans le monde de la mutuelle. Ces structures, confrontées à un contexte européen concurrentiel, doivent trouver un nouveau souffle en développant leur marketing mais surtout en renforçant leurs réseaux commerciaux. « La demande de candidats y est plus forte que l’année dernière », ajoute Mathieu Motillon. « Ces structures souvent franco-françaises sont en outre peu impactées par le contexte international en logique de crise ».

Profils expérimentés recherchés

Les compagnies et structures mutualistes traquent plusieurs types de profils. « Nous observons des recrutements massifs sur les plates-formes téléphoniques, mais également sur les profils terrain », précise Carole Moreau. Ces commerciaux debout, recherchés tant par les compagnies que par les mutuelles, doivent conjuguer appétence commerciale et qualités de prospection.

Autres profils convoités : « les commerciaux en assurance collective avec une expérience déjà avérée de cinq années, surtout en prévoyance santé » note Mathieu Motillon. Ces candidats sont difficiles à trouver car ils bénéficient d’une véritable expertise. Enfin, les entreprises recrutent aussi de manière soutenue des commerciaux chargés de développer les partenariats. Le recrutement de ces candidats bac +4 ou 5, qui représentent un relai de croissance pour les acteurs de l’assurance, n’a pas faibli par rapport à l’année dernière.

A noter que le niveau de recrutement a changé. « Les cadres sont recrutés après avoir suivi une formation Bac+5, les non cadres sont recrutés à Bac+2, type BTS, contre un niveau Bac auparavant », souligne Carole Moreau.

La bonne nouvelle : les pénuries de candidats ont un impact positif sur les rémunérations. « Si les entreprises veulent maîtriser leurs coûts fixes, elles ont également des contraintes de performance », précise Mathieu Motillon. « Elles proposent donc des enveloppes de variable légèrement plus importantes à destination des commerciaux debout par exemple ». Le marché manque aussi de profils expérimentés sur l’assurance collective, ce qui tire les montants à la hausse.

Et cela ne devrait pas faiblir sur 2009. Selon les recruteurs, les entreprises ne feront pas d’économie sur le front-office et préfèreront, si nécessaire, appliquer les restrictions sur les fonctions support. Une bonne raison pour les commerciaux en assurance de ne pas appréhender l’année à venir.

Parcours pro : directeur d’agence chez LCL

Dans cette nouvelle rubrique, découvrez le parcours d’un professionnel. Cette semaine, Vincent Aubry, directeur d’agence chez LCL, a accepté de répondre à nos questions

1. Est-ce que vous pouvez nous présenter votre carrière ?
Après une formation en sciences économiques, je me suis dirigé vers la vente de réseaux informatiques. Après la crise de 2001, je suis devenu conseiller particuliers chez BNP Paribas, puis conseiller en patrimoine. J’ai ensuite suivi l’ITB (Institut Technique de Banque) pour devenir conseiller professionnel. L’ITB est une formation bancaire d’excellence qui permet d’acquérir une expertise sur tous les marchés et en management. Après quatre ans chez BNP Paribas et à l’issue de l’ITB, je suis rentré chez LCL en tant que directeur d’agence.

2. Quel est votre poste actuel et votre travail au quotidien ?
Je suis directeur d’une agence de 8 personnes qui gère les marchés professionnels, privés et particuliers. Je suis responsable du pilotage commercial de notre équipe, du contrôle, ainsi que de la gestion des risques.

3. Quels sont les plus et les moins du métier ?
Etre directeur d’agence est un métier varié : nous accompagnons les particuliers et les commerçants-artisans dans tous les aspects de leur vie économique. Nous suivons les clients sur toute une vie, finançons leurs projets et participons à leur enrichissement.
En revanche, la réglementation se complexifie. Nous devons faire face à de plus en plus de contrôles avec moins de moyens. Les conseillers sont moins nombreux, de même pour le back-office tandis que le nombre de clients augmente.

4. Comment évolue le métier ?
Une grande tendance : la banque de réseau se développe vers de nouveaux métiers. Nous devenons offreurs de services. LCL par exemple commercialise des produits Gaz de France, des services à la personne. Certains de nos concurrents vendent des téléphones. Nous avons vocation à devenir un supermarché des services. Chaque banque essaie de se tourner vers des produits de diversification pour trouver des sources de PNB (le chiffre d’affaires des banques) sans les risques liés à l’activité de crédit.

5. Est-ce que vous avez rencontré des difficultés au cours de votre carrière ?
Le milieu bancaire offre de nombreuses opportunités. C’est un métier dynamique qui permet de varier les expériences, les métiers, les lieux de travail. J’ai changé régulièrement de poste (presque tous les 18 mois) qu’il s’agisse de lieux, de responsabilités, de clients. Le métier permet une évolution rapide avec des responsabilités de plus en plus importantes, même si le salaire n’évolue pas toujours au même rythme.

6. Quelles sont les perspectives de carrière pour un directeur d’agence ?
Je souhaiterais pouvoir continuer à progresser à un poste de management, pas nécessairement dans le milieu bancaire. Je pense peut-être faire un MBA ou un executive MBA pour ensuite mettre mon expérience à profit au sein de PME. D’anciens directeurs d’agence sont parfois devenus courtier en assurance, prêt immobilier ou DAF dans des PME.

7. Est-ce que vous avez des conseils à donner à des candidats qui souhaiteraient évoluer vers ce type de poste?
Il faut savoir allier sens commercial et une très grande rigueur. Ces deux qualités me semblent absolument indispensables.

N’hésitez pas à nous contacter à l’adresse suivante si vous souhaitez vous aussi partager votre expérience : redaction@linkfinance.fr.

DAF : un métier en pleine évolution

Coralie Rachet, Associate Director au sein de la division Finance Entreprise du cabinet Robert Walters, a accepté de répondre à nos questions sur ce métier essentiel dans l’entreprise

1. Le métier de DAF a-t-il changé ces dernières années?
Les métiers de la fonction financière ont aujourd’hui beaucoup évolué compte tenu de l’environnement actuel :
– Plus de contrôle sur les marchés financiers avec de nouvelles règles de contrôle interne (LSF, SOX),
– Plus de transparence dans les comptes avec un nouveau référentiel comptable,
– Des marchés plus concurrentiels et plus internationaux (l’anglais, voire une deuxième langue, sont de rigueur),
– Compte tenu de la crise économique et d’une concurrence accrue, les méthodes de gestion « kaisen » « six sigma » et d’autres réductions de coûts sont parfois co-pilotés par la finance.

Comme pour la plupart des fonctions financières, on sent donc une professionnalisation de la fonction de directeur financier.

Considéré comme un véritable bras droit de la direction générale, le directeur financier doit savoir s’adresser aux actionnaires et aux banques pour s’immiscer avec valeur ajoutée dans un rôle de structuration et d’accompagnement. La finance, en entreprise, prend de plus en plus de poids, et évolue de manière logique vers des fonctions de direction générale.

2. Comment se porte le recrutement?
Le recrutement des cadres financiers est moins touché que d’autres fonctions supports car le contenu de ces fonctions reste stratégique pour piloter l’activité dans un environnement turbulent.

3. Quels types de profils sont recherchés?
Les entreprises demandent une bonne formation à la fois technique et théorique, mais aussi une vraie personnalité. Un DAF est avant tout un meneur d’Hommes et de projets, qui doit savoir conduire le changement, coordonner, diriger et surtout bien s’entourer !

Une solide expérience en corporate (banque, transaction services) devient un atout majeur pour négocier avec les banques.

4. Comment évoluent les rémunérations?
La rémunération globale des directeurs financiers sera en baisse avec un impact fort sur la partie variable (bonus et prime).

Nous constaterons aussi un décalage en fonction des profils, de l’expérience et du secteur économique. Deux tendances majeures se dégagent:

– une plus forte demande pour les candidats avec de fortes compétences techniques, des expériences de conduite du changement, de restructuration,
– une réduction des salaires pour les profils généralistes avec une expérience limitée.

5. Avez-vous quelques conseils de carrière aux directeurs financiers ou futurs DAF?
Compte tenu de la visibilité qu’ont les sociétés qui recrutent, les DAF ou futurs DAF doivent s’assurer que seules des fonctions au sein de sociétés solides et pérennes leur sont proposées. Qui plus est, il y a fort à parier qu’une fois sorties de la crise, ces sociétés connaîtront un boom d’activité, proposant des évolutions rapides.

Les banquières moins risk taker ?

Est-ce qu’il existerait une différence d’attitude face au risque entre les hommes et les femmes ? Dans le contexte de crise la question se pose et le banquier de sexe masculin semble de plus en plus le coupable idéal.

Deux chercheurs en neuroscience de l’Université de Cambridge, J. M. Coates et J. Herbert se sont plus sérieusement posés la question et ont analysé la salive d’une vingtaine de traders males à Londres pour étudier la relation entre niveaux de testostérone et prises de risques. Leurs conclusions sont sans appel. Le niveau de testostérone d’un trader le matin permet de prédire sa performance de la journée. Plus le trader a de testostérone, plus il prendra des risques. Dans un contexte de crise, un trader male pourra prendre des décisions encore plus risquées et irrationnelles.

L’éditorialiste du New York Times Nicholas D. Krisof a affirmé récemment que la crise aurait pu être évitée si plus de femmes avaient été impliquées dans les décisions. Au World Economic Forum de Davos, Nicholas D. Krisof s’est même demandé « si on serait aujourd’hui dans la même situation si Lehman Brothers avait été Lehman Sisters. La vérité est sûrement entre les deux : Lehman Brothers and Sisters ».

L’Executive master finance d’entreprise et marchés de capitaux de Sciences Po Paris

Jean-Christophe Vidal, Responsable pédagogique du programme & chargé de mission à Sciences Po Paris a répondu à nos questions.

Est-ce que vous pouvez nous présenter l’Executive master finance d’entreprise et marchés de capitaux de Sciences Po Paris en quelques mots ?

L’Executive master de Sciences Po est le seul à proposer en France une formation à la fois en finance d’entreprise et marché de capitaux. L’orientation internationale y est également très forte. Il s’adresse à des professionnels qui ont au moins 5 années d’expérience dans la finance ou 15 années d’expérience dans un autre domaine. La formation comprend 40 jours et s’étale sur 18 mois. Le démarrage des cours est plutôt intensif et ralentit un peu par la suite pour s’adapter au rythme des professionnels.

Dans quel contexte les professionnels choisissent de suivre la formation ?

Il s’agit pour eux de se former ou de se perfectionner en finance, souvent pour évoluer dans leur entreprise vers un poste à plus grande responsabilité. Par exemple un contrôleur de gestion qui veut devenir DAF, ou un banquier d’affaires qui évolue vers un poste de vice-président, vont suivre l’Executive master. C’est souvent une démarche conjointe de l’entreprise et du salarié. Le salarié émet le souhait de suivre une formation et l’entreprise finance la formation pour faire évoluer le salarié vers de nouvelles responsabilités en interne.

Quels sont les bénéfices de la formation pour un professionnel en poste ?

Sur les 5 dernières promotions, 50% de la promotion évoluent vers un poste à plus grande responsabilité pendant la formation au sein de leur entreprise ou parfois dans une autre. 25% obtiennent une promotion dans les 3 mois qui suivent et 25% dans les 6 à 8 mois. Beaucoup d’entre eux deviennent DAF. Certains DAF deviennent DG. Les non financiers évoluent vers des départements stratégiques ou des centres de profits. Enfin certains en profitent pour créer leurs entreprises.

Est-ce que la sélection est aussi rude que pour les formations initiales de Sciences Po Paris ?

Les candidats remplissent un dossier complet qui présente leurs fonctions antérieures, leurs projets, actions à l’international, leurs motivations et leur intérêt pour la finance. Au total 20% de candidats sont sélectionnés après les entretiens d’admission. Les candidats peuvent se représenter. Pour les candidats qui ne sont pas retenus, nous leur faisons systématiquement un retour pour qu’ils améliorent leurs dossiers ou complètent leurs expériences.