Est-ce que vous pouvez nous présenter le Master Intelligence Économique et Analyse des Risques ?
Notre Master 2 est le plus ancien Master Intelligence Économique de France. Il a été créé en 1993 par l’Université de Marne-la-Vallée à l’initiative de l’Amiral Pierre Lacoste, ancien patron de la DGSE, les services de renseignements extérieurs français.
Sa mission première étaient orientée vers la formation des personnels militaires et policiers en vue de leur reconversion vers le civil (entreprises, institutions…).
Rapidement, la population des élèves s’est enrichie de professionnels issus du monde de l’entreprise (projet de validation de l’expérience professionnelle ou formation à de nouvelles pratiques) et d’étudiants « classiques » (mais en mettant l’accent sur leur professionnalisation).
Combien avez vous de promotions ?
C’est la 20e promotion qui sortira du Master à la fin de l’année 2012-2013. Notre université s’appelle désormais Université Paris-Est (UPE) Marne-la-Vallée. Elle aura formé en 20 ans environ 350 élèves. Les premiers furent diplômés du DESS Information et Sécurité ou du DESS Ingénierie de l’Intelligence Économique, qui ont fusionné pour donner le Master 2 IEAR.
Quel est l’objectif de la formation ?
L’objectif premier est bien sûr de former à l’ensemble des pratiques et métiers de l’intelligence économique, de la communication d’influence, de la prévention des risques, de la veille et de l’analyse. Mais il est évident qu’une année de cours, répartie sur environ 55 jours d’enseignements, ne suffit pas. Une partie essentielle de l’apprentissage de ces métiers repose sur la professionnalisation de nos élèves.
C’est dans le monde de l’entreprise et des institutions, en pratiquant auprès de professionnels et sur de vraies missions, que nos élèves apprennent les métiers et spécialités qui seront les leurs. Ce serait mentir que de dire qu’un Master (quel qu’il soit) suffit à produire un professionnel : c’est le lien expérience de terrain – formation qui donne du sens à une formation Bac + 5 de haut niveau.
Quels sont les points forts du programme ?
Les cours sont répartis sur 1 journée par semaine pendant toute une année.
Hormis 4 semaines bloquées dans l’année, ce schéma permet à nos élèves d’être disponibles pour leur mission en entreprise/institution pendant 12 mois, à 80% de leur temps ! Sauf erreur de ma part, c’est un record national ! Et c’est le principal atout aux yeux des entreprises qui accueillent nos élèves comme aux yeux des professionnels qui viennent se former chez nous.
Le second atout réside dans les interventions croisées d’enseignants-chercheurs et de praticiens afin de disposer d’un très bon niveau théorique (c’est indispensable) mais aussi de retours d’expérience et de méthodologies très opérationnelles.
Enfin, l’année est ponctuée de nombreux ateliers, d’exercices pratiques et de simulations, et de travaux opérationnels encadrés par des professionnels et soumis à des jurys de professionnels.
Quels sont les profils des étudiants ?
Un parcours atypique n’est pas un handicap chez nous. Ouverture d’esprit, curiosité, culture générale, intérêt pour les outils de recherche/exploitation d’information ou capacité rédactionnelle sont les principales qualités recherchées. Mais avant toute chose, c’est la qualité des stages / expériences des candidats qui fait la différence. Sur la centaine de candidatures traitées, seule une dizaine a été retenue pour rejoindre les effectifs issus de notre Master 1, dirigée par Madame Lucile Desmoulins.
Enfin, la dimension internationale (par les origines comme par les expériences) est essentielle pour forger une bonne promotion, ouverte sur le monde.
Comment est composé le corps enseignants ?
Outre les professeurs et chercheurs de notre institut, l’IFIS (Institut Francilien d’Ingénierie des Services, dirigé par Monsieur Christian Bourret, qui est notamment un des grands spécialistes français de l’Intelligence territoriale), soutenu par notre laboratoire partenaire, le DICEN (Dispositifs d’Information et de Communication à l’Ère Numérique) du CNAM, c’est tout un panel de professionnels qui intervient, tant pour des cours (méthodologies, outils et pratiques) que pour des retours d’expérience (tables rondes, échanges), issus de grandes entreprises, de PME, des institutions comme du monde du conseil.
Quelles sont vos relations avec les entreprises ?
Nous avons créé une relation de confiance avec les entreprises qui accueillent nos élèves. Qu’elles soient du CAC40 ou non, nous nous efforçons d’intégrer leurs demandes et de faire évoluer nos enseignements afin de satisfaire au mieux leurs besoins et ainsi accroître l’employabilité de nos élèves. Nous avons par exemple beaucoup travaillé avec nos contacts professionnels sur le calendrier du programme des enseignements, notamment pour faire passer en début d’année les enseignements qui leur paraissaient essentiels pour que leurs apprentis et stagiaires soient plus rapidement opérationnels.
Outre le fait de recevoir des dizaines d’annonces chaque année, en direct ou par l’intermédiaire du CFA Descartes, qui gère nos apprentis, nous notons une réelle fidélité des entreprises, visiblement satisfaites du niveau de nos élèves.
Que deviennent vos anciens ? Est-ce que vous avez des exemples ?
Après 20 promotions, tous ne travaillent évidemment pas ou plus dans l’Intelligence Économique. Nous les retrouvons dans la gestion de projet, la communication et la e-reputation, les métiers de la gestion du risques et de la continuité d’activité, le commerce international, la sécurité informatique, le journalisme et bien sûr le conseil ou les webtechnologies… Sans oublier des chefs d’entreprise. Il s’agit en majorité de fonctions et métiers liés à l’information, bien évidemment, et très souvent ouverts sur l’international.
Un gros effort a été mené avec les élèves de la promotion qui s’achève pour renouer le lien avec les Anciens, dont plus d’une centaine sera invitée au Gala des 20 ans du Master, courant 2013. Une étude va être menée avec la promotion actuelle pour réaliser une cartographie des métiers exercés… 20 ans après la première promotion. Ce sera une étude unique en France car nous sommes la seule formation à disposer d’un tel recul.
Est-ce que votre formation est accessible également en formation continue?
Bien sûr : formation continue, VAE, VAP… chaque année des professionnels candidatent pour cette option. L’objectif affiché est d’atteindre une parité entre étudiants et professionnels. Cela génère une réelle richesse.
Comment procédez vous pour faire évoluer votre programme ?
Comme indiqué précédemment, les retours que nous avons des entreprises qui accueillent nos élèves sont essentiels. Mais en parallèle, les attentes des élèves eux-mêmes sont porteurs d’innovation. Cette année, près de 10% du volume de cours seront laissés à leur initiative, dans les thématiques de la maquette du Master évidemment, mais de façon à intégrer des méthodologies nouvelles, des outils générant de potentielles ruptures technologiques dans nos métiers, ou des dimensions porteuses de sens pour nos métiers.