Carrière à suivre : Portrait de Norbert Gautron, Actuaire Associé, Galéa & Associés

Norbert Gautron a découvert le métier de conseil en actuariat à sa sortie d’école lors de stages en France et en Angleterre. En 2006, il décide de fonder Galea & associés sur le marché méconnu mais porteur de l’actuariat conseil en France, avec plusieurs associés.

Norbert Gautron démontre avec succès qu’il est possible d’être entrepreneur dans un secteur comme l’assurance. Pour lui, un bon actuaire doit être à la fois un bon modélisateur du futur mais également faire preuve de qualités humaines. Il recommande aux jeunes actuaires de démarrer leur carrière dans le conseil qui reste, selon lui, une très bonne école de formation.

Entre le développement de Galea & Associés, la réalisation de missions et le management d’une vingtaine de collaborateurs, Norbert Gautron trouve encore le temps de faire partager sa passion de l’actuariat en intervenant dans plusieurs universités.


Est-ce que vous pouvez nous présenter votre métier ?

Je suis actuaire conseil, président de Galea & Associés. Nous faisons de l’actuariat classique et plus généralement de la gestion des risques auprès d’une clientèle composée d’assureurs et d’entreprises commerciales qui ont des problématiques de retraite, de prévoyance et de santé pour leurs salariés. Nous aidons nos clients sur des sujets techniques et très règlementés.

Galea & Associés a été créé en 2006. Nous sommes aujourd’hui 22 consultants. Auprès de notre clientèle assurance, nous intervenons sur des problématiques de tarification des produits d’assurance, de provisionnement des engagements, de suivi de la sinistralité mais aussi de gestion actif passif, de fusions et acquisitions.

La règlementation évolue beaucoup (avec la mise en place de Solvabilité 2 par exemple ou l’accord sur la Sécurisation de l’emploi qui prévoie « la santé pour tous ») et les assureurs se doivent d’avoir des consultants externes pour conforter leurs visions.

Les problématiques sont aussi larges pour notre clientèle d’entreprises. Nous travaillons avec les directeurs financiers et les directeurs des ressources humaines en priorité, et les accompagnons sur l’ensemble de leurs sujets liés aux régimes de retraite, de santé et de prévoyance (évaluations des engagements sociaux, suivi des régimes de protection sociale en place par des audits ou des négociations avec l’assureur) ou de rémunération (stock-options par exemple).

C’est quoi pour vous un bon actuaire ?

Un bon actuaire c’est un bon équilibre entre plusieurs qualités. L’actuaire doit être un bon calculateur, modélisateur et prendre du recul sur les travaux qu’il réalise, pour mieux communiquer. Il ne doit pas forcément être le meilleur du monde.

Il doit avoir des qualités humaines et être capable de manager une équipe. Il doit être curieux et ouvert et suivre les évolutions juridiques et économiques du secteur. C’est un marché qui bouge beaucoup.

Quelles sont les spécificités de l’actuariat conseil ?

L’actuariat conseil est la fois du conseil et de la modélisation. Notre approche est très scientifique. Nous avons une formation mathématique. En tant qu’actuaire, nous devons être de bons calculateurs mais nous devons aussi comprendre le cadre comptable et juridique de nos clients.

Nous leur apportons de la rationalité. Au-delà de cet aspect modélisation qui est un pré-requis, nous devons être très pédagogues auprès de nos clients. Nous devons être capables également de leur donner des idées et de les accompagner.

Comment êtes-vous venu à l’actuariat ?

Je suis diplômé d’une formation spécialisée d’actuariat à Brest qui fait partie de l’Institut des Actuaires. Au départ j’avais choisi cette école plutôt pour faire de l’économie et des mathématiques appliquées. En sortant de l’école, j’ai fait différents stages, notamment en Angleterre ce qui m’a permis de découvrir l’actuariat conseil qui y était très développé et structuré.

C’est un métier à part entière qui a vraiment décollé dans les années 1980 et 1990. A cette époque j’étais plus attiré par le conseil pour accompagner différents clients dans la durée. Après mon stage en Angleterre, j’ai donc démarré dans un cabinet français de conseil en actuariat.

Qu’est-ce qui vous a décidé à créer votre société d’actuariat conseil ?

L’actuariat conseil est un marché porteur, je travaille dans ce domaine depuis plus de 20 ans. Le risque était donc assez mesuré quand je me suis lancé. J’ai donc décidé de créer Galea & Associés en 2006. Il y a toujours des places à prendre sur ce marché. J’aime rendre service à des clients. L’actuariat permet également de faire du conseil sur une vraie matière sous jacente. J’apprécie aussi l’indépendance qu’on a avec sa propre société.

Est-ce que vous avez des conseils de gestion de carrière ?

Ce n’est pas évident. Il y a des entreprises qui sont très formatrices mais je recommande de faire du conseil. C’est un vrai troisième cycle qui permet d’apprendre en accéléré et oblige à communiquer clairement.

Nous apprenons également des méthodes de travail et le respect des délais. Quels que soient les choix, les actuaires ont actuellement la chance de pouvoir faire évoluer leur carrière en fonction de leurs souhaits.

Carrière à suivre : Portrait de Jacques-Antoine Schaefer, Assistant Vice Président Finance, Cartier US et Canada

Jacques-Antoine Schaefer est un professionnel de la finance qui a la bougeotte depuis ses études à l’ESCP. Après un projet humanitaire en Bolivie, un V.I.E au Vietnam et en Chine, il va rapidement démarrer sa carrière chez Cartier à Paris.

Il restera quelques années au sein de la direction financière du siège social de Cartier avant de partir pour New-York où il deviendra Assistant Vice Président Finance pour la zone Amérique.

Pour Jacques-Antoine Schaefer le contrôleur financier est un partenaire du business qui doit contrôler les coûts avec rigueur même dans l’univers glamour du Luxe. Pour lui on ne peut pas réussir sa carrière sans s’accorder du temps à soi. Il faut savoir trouver un bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle.

Est-ce que vous pouvez nous présenter votre métier ?

Je suis AVP finance pour Cartier aux États-Unis. C’est une fonction finance qui a pour focus le suivi de Cartier en Amérique du nord. Mon travail consiste à suivre l’activité de Cartier par des reporting, des prévisions budgétaires, des participations aux réflexions stratégiques et des suivis de l’activité des réseaux de distribution interne et externe.

Je suis en charge également du contrôle des coûts et des procédures. C’est plus un métier de controlling que j’assure avec une équipe de 12 personnes composée de business analysts et d’inventory controllers.

Comment s’est construite votre carrière chez Cartier ?

Je suis arrivé à New York il y a 3 mois. J’étais auparavant à Paris au siège social. Je travaillais avec le CFO de la marque pour superviser l’Amérique du sud et le Moyen orient. J’ai mis en place notamment des politiques commerciales pour le retail de Cartier afin d’harmoniser les pratiques des boutiques. Cartier a plus de 300 boutiques dans le monde.

Mon parcours chez Cartier m’a permis de découvrir l’amont de la production et le fonctionnement d’un « Head quarter ». Il me restait à découvrir le marché, là où se fait le business. J’ai donc pris ce poste à New York. Cela me permettra de voir l’ensemble de la chaîne financière. J’avais également envie depuis longtemps de retourner travailler à l’international.

Est-ce que vous pensiez après vos études travailler dans le Luxe ?

Non pas du tout. Durant mes études à l’ESCP en 1997, j’ai suivi la majeure stratégie. J’avais un goût pour le contrôle de gestion et le contrôle interne. A cette époque j’avais déjà la bougeotte et j’ai eu la chance de partir en Bollivie, faire un stage chez Arthur Andersen, un V.I.E en Chine comme contrôleur financier chez Rhodia puis je suis devenu auditeur interne. J’ai fait ensuite un stage en contrôle de gestion chez Unilever. Entre temps j’ai pu participer à des projets humanitaires comme la construction d’un centre de santé en Bolivie.

Comment est venue cette opportunité chez Cartier ?

J’ai démarré ma carrière chez Astra Zeneca en contrôle de gestion au sein de la filiale française. Je ne voyais pas trop d’évolution. Un chasseur de tête m’a appelé pour me proposer un poste chez Cartier. Je suis donc passé des médicaments aux rêves. Chez Cartier j’ai rencontré des gens passionnés. Les produits sont très beaux, ce sont des œuvres d’art. J’ai découvert un univers complètement différent.

Quelles sont les spécificités d’une entreprise de luxe ?

L’univers est très particulier mais il faut également contrôler les investissements, le R.O.I des opérations qu’on mène. Il y a des différences sur l’allocation des coûts mais La rigueur reste la même. C’est parfois difficile de le faire comprendre aux opérationnels. Il faut être pédagogue.

Quels sont les aspects du métier de contrôleur financier que vous appréciez en particulier ?

Le contrôleur financier est un partenaire du business. Il doit comprendre le business et ne pas être uniquement dans la fonction finance. Il travaille en partenariat avec tous les métiers. J’aime beaucoup aussi l’aspect international du métier. Cartier est présent dans plus d’une vingtaine de pays. Une petite part du CA est réalisée en Europe. Cela fait plus d’un siècle que la marque Cartier est présente aux États-Unis.

Est-ce que vous avez des conseils de gestion de carrière ?

Il faut se tenir au courant des opportunités pour ne pas les manquer. Je pense également qu’il ne faut pas hésiter à se faire connaître. Enfin il est important de garder un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Il faut savoir garder du temps pour soi.

J’ai fait deux pauses dans ma vie professionnelle, une fois après mon V.I.E et une autre au cours de ma carrière. Après plusieurs années d’expérience, j’ai démissionné pour voyager. Cela m’a permis de revenir avec une vision du monde beaucoup plus riche.

*Carried interest : Part de la plus-value réalisée par un fonds d’investissements qui revient à ses dirigeants.

Carrière à suivre : Portrait de Pierre Gillet, Directeur d’investissements et membre du directoire, Vesale Partners

Pierre Gillet a fait sa carrière dans un secteur qui fait rêver les jeunes financiers et qui compte aujourd’hui peu d’élus : le capital risque. Pour Pierre Gillet aucun plan de carrière préétabli ne le destinait au monde de la finance entrepreneuriale. Il y est tombé un peu par hasard lors d’un stage étudiant.

A l’époque, il n’avait aucune idée de ces métiers qui étaient encore peu développés en France. Il aura la chance d’intégrer une grande structure spécialisée dans le capital risque qui lui permettra de fourbir ses armes avant de se décider à créer sa propre société. Pour Pierre Gillet, il faut choisir ce métier pour les bonnes raisons et avoir un réel intérêt pour l’amorçage de nouvelles activités.

Est-ce que vous pouvez nous présenter votre métier aujourd’hui ?

Aujourd’hui je dirige ma propre société de gestion Vesale Partners que j’ai fondée il y a 1 an avec deux associés. Nous sommes agréés par l’AMF. Notre fond est positionné sur les nouvelles technologies appliquées au secteur des sciences de la vie. J’aime bien être entrepreneur à mon tour tout en continuant mon métier de directeur des investissements que j’ai exercé pendant 10 ans.

Quelles ont été vos études ?

J’ai fait une école de gestion qui prépare à l’expertise comptable. Ensuite, j’ai suivi un master de finance à l’ESLSCA, et suis diplômé de la SFAF. A l’époque je n’avais aucune idée des métiers du capital risque. J’y suis arrivé un peu par hasard. J’ai postulé pour un stage au sein de chez SGAM (Société Générale Asset Management) qui créait une nouvelle structure pour le lancement de ces premiers FCPI (Fonds communs de placements dans l’innovation). Au final j’y suis resté plus de 10 ans jusqu’à fin 2012 lors de la fusion entre CAAM CI (Crédit Agricole Asset Management Capital Investors) et SGAM qui est devenu Amundi Private Equity Funds.

En quoi consiste le métier de Directeur d’investissements ?

Il y a beaucoup de choses. On ne fait pas que la finance. On touche à la stratégie, on discute avec les dirigeants sur des problématiques RH et marketing. Le Directeur d’investissement est surtout sur le terrain. Chaque dossier que vous gérez est une nouvelle aventure et en particulier avec les dirigeants des sociétés qui sont vos interlocuteurs. Je garde de très bons souvenirs des sociétés qu’on a accompagnées notamment comme Kelkoo ou Parrot qui sont de très belles réussites entrepreneuriales.

Est-ce que votre passage chez Amundi Private Equity Funds ou SGAM a été formateur ?

On était l’un des plus gros investisseurs de la place. Quand vous débutez, il y a plusieurs avantages à faire du capital risque dans une grosse structure. Vous êtes très encadrés. Cela vous apprend donc la rigueur dans le suivi des dossiers. Vous devez gérer des problématiques internes de risques et de reporting. C’est très formateur. Plus l’activité est importante et plus vous découvrez de choses ; j’ai pu ainsi voir beaucoup de secteurs différents dans les nouvelles technologies, comme les logiciels, les télécoms, l’internet … Je me suis également occupé de SOFICA qui sont des sociétés spécialisés dans le financement du cinéma mais aussi d’un fonds spécialisé dans le vin.

J’ai pu évoluer au sein du département en forte croissance au milieu des années 2000 pour devenir secrétaire général de la structure. J’avais en charge le management de toutes les fonctions supports avec une équipe de 5 personnes. J’ai pu ainsi m’initier à d’autres activités que le département venait de lancer comme le capital développement ou encore le LBO.

Qu’est ce qui fait un bon directeur d’investissements dans le capital risque ?

C’est compliqué. Déjà je dirais qu’il faut être très ouvert. L’expérience est très importante. Quand j’ai démarré, j’étais très jeune, j’avais 24-25 ans. C’était assez dur dans ce métier où la moyenne d’âge était de 50 ans. Donc il ne faut pas être très jeune, bien que depuis 10 ans, le métier s’est fortement rajeuni avec son fort développement. Le réseau est très important. Il faut avoir des contacts investisseurs mais également des contacts dans le secteur d’activité où vous investissez. Il faut donc passer beaucoup de temps à rencontrer du monde, dans des conférences, forums …

On doit être capable d’amener des propositions de partenariat avec des industriels ou encore des clients. Au-delà de la maîtrise des techniques financières, il faut maîtriser d’autres composantes essentielles à la réussite de ses investissements. On aide le dirigeant dans de nombreux domaines comme par exemple le recrutement. Ce n’est jamais facile de recruter des managers de haut niveau. On travaille énormément avec les chasseurs de tête.

Est-ce qu’il y a un parcours type pour faire ce métier qui fait rêver ?

Il faut avoir fait de la finance mais il n’y a pas de parcours type. On voit de plus en plus d’entrepreneurs dans les équipes. C’est bien d’avoir un mixte à la fois de financiers et d’entrepreneurs. C’est vraiment un bon binôme. A l’époque de SGAM il y a avait un mixte d’ingénieurs et d’entrepreneurs que cela soit dans le secteur des sciences de la vie ou du IT. Aujourd’hui dans un contexte de crise les places se font rares. On est sur des produits risqué. Les investisseurs sont devenus averses au risque. On ne recrute donc pas beaucoup. Mais il ne faut pas désespérer, les pouvoirs publics se mobilisent sur le sujet car le financement des nouvelles technologies que ce soit dans l’IT ou les sciences de la vie est important pour la compétitivité de la France.

Quels seraient vos conseils pour démarrer dans le capital risque ?

Je conseillerais de commencer par les grandes structures, mais aujourd’hui elles réduisent leurs effectifs, voir se désengagent de ce type d’activités. Les petites structures qui ont pignon sur rue peuvent être intéressantes pour démarrer, mais elles sont généralement spécialisées que ce soit dans leurs activités (capital risque, LBO, capital développement, fonds de fonds …) et/ou que ce soit sur un secteur (IT, sciences de la vie …) ; il faut donc être sûr de son choix. De manière plus général, je conseillerai de passer par des activités de fonds de fonds, cela permet d’avoir une vue d’ensemble, et donc de pouvoir mieux appréhender les différentes activités, et ainsi faciliter son choix.

La chance est un facteur important aussi. Quand je suis rentré, personne ne connaissait ce métier. C’est après la bulle internet que le métier est devenu très attractif. Attention à ne pas trop rêver également sur les rémunérations. Une part importante provient du « carried interest* » mais cela est généralement limité aux partners et directeur d’investissement, et cela coute cher pour l’obtenir, car il faut investir personnellement.. On gagne généralement beaucoup plus d’argent en faisant du LBO. Pour se lancer dans le capital risque, il faut être passionné par le métier et une sensibilité à un secteur est un plus.

*Carried interest : Part de la plus-value réalisée par un fonds d’investissements qui revient à ses dirigeants.