Carrière à suive : Portrait de Jean-Michel Maroslavac, Directeur fiscal, Dalkia

Des chiffres à donner le vertige : 400 filiales, implantées dans 35 pays et 9 milliards d’euros de CA. C’est l’univers quotidien de Jean-Michel Maroslavac, Directeur fiscal de Dalkia, filiale des services énergétiques des groupes Veolia et EDF.

Jean-Michel Maroslavac a démarré sa carrière en tant qu’avocat fiscaliste au sein de plusieurs cabinets de renom. Il aurait pu patiemment attendre de devenir associé mais une opportunité se présente en 2002 et il rejoindra le groupe Veolia dont il deviendra , 7 ans plus tard, le directeur fiscal de sa filiale Energie, Dalkia.

Pour Jean-Michel Maroslavac, un fiscaliste doit à la fois être un bon technicien mais aussi avoir un sens relationnel développé.

Est-ce que vous pouvez nous présenter votre métier ?

En tant que Directeur fiscal de Dalkia, filiale des services énergétiques des groupes Veolia et EDF, j’ai en charge au niveau mondial la gestion de la fiscalité du groupe dans toutes ses composantes : cela comprend classiquement la sécurisation de la charge d’impôt du groupe, la gestion des contrôles et contentieux fiscaux, la dimension conseil opérationnel aux filiales ou auprès des Directions générale et financière, les aspects de reporting et d’analyse du taux effectif d’imposition ainsi que l’assistance lors des opérations de fusion ou d’acquisition qui ne manquent pas dans un groupe tel que Dalkia.

Pour toutes ces missions, nous sommes une équipe de 6 fiscalistes « corporate », ce qui est plutôt dans la moyenne au regard de notre chiffre d’affaires de 9 milliards d’euros. Il faut compter en général 1 fiscaliste pour gérer 1 à 1,5 milliard de CA. Nous nous reposons également sur un réseau de fiscalistes étrangers dans nos principaux pays d’implantation comme la Pologne, la République Tchèque, les Etats-Unis ou encore plus récemment la Chine.

Est-ce que vous aviez étudié la fiscalité à l’université ?

Oui – Après une double maîtrise de droit des affaires et de droit fiscal et un Master 2 en fiscalité, j’ai enchaîné avec l’Ecole du Barreau de Paris. J’ai prêté serment en 1998. En fait, je n’avais pas de plan de carrière très précis. C’est finalement assez classique de démarrer par une carrière d’avocat puis de s’orienter vers le monde de l’entreprise.

Quels souvenirs de vos années en cabinet d’avocats ?

Excellents – Au sein des cabinets où j’ai pratiqué, j’ai été associé à la gestion de grands comptes clients. Vous apprenez alors à structurer votre travail et à délivrer une prestation de service de qualité tout en respectant des délais. Vous faites l’apprentissage de travailler en équipe. L’avantage de commencer sa carrière au sein de gros cabinets est qu’ils ne sont pas avares en formations. Vous renforcez vos compétences et pouvez acquérir une bonne technicité, ce qui est une exigence forte de notre métier.

Vous développez un bon sens du service et du relationnel, indispensable par la suite pour disposer de responsabilités et devenir éventuellement directeur fiscal. Je suis resté 5 ans en cabinet pour valider cette expérience mais, à la longue, on peut avoir une certaine frustration en n’étant associé ponctuellement qu’à un processus de décision partiel. L’alternative naturelle est alors de « basculer » vers le monde de l’entreprise sauf à disposer de l’appétence pour le développement commercial dans la perspective d’une association.

Comment est venue cette opportunité chez Veolia ?

En 2002, Vivendi Environnement, ex-Veolia, venait d’être coté en bourse et se séparait de son actionnaire de référence, Vivendi Universal. La nouvelle holding reconstituait une équipe financière. J’ai été chassé. Je n’étais pas dans une optique de recherche à cette époque mais c’était le bon moment de se poser la question. Il s’agissait de reconstruire la fiscalité de la holding Veolia. Le travail ne manquait pas et promettait d’être passionnant.

Est-ce que votre quotidien a été très différent chez Veolia ?

Oui, différent et très intéressant. Il y a avait une ambiance de start-up et j’ai particulièrement apprécié mon fort degré d’autonomie par rapport au travail hiérarchisé en cabinet. A l’époque, le directeur fiscal m’a laissé très libre. J’ai pu être confronté à toutes les palettes de la fonction du fiscaliste de holding. J’y suis resté presque 4 ans.

Au-delà de la gestion de la juste charge de l’impôt, vous traitez de la fiscalité financière très spécifique au métier d’une holding notamment au niveau de la TVA, des problématiques fiscales sur les produits financiers ou en matière de prix de transferts. Après ces 4 ans, j’ai souhaité renouer avec des problématiques de fiscalité plus opérationnelle. J’ai donc rejoint Dalkia. Sur cette fonction, je suis vraiment au cœur d’un métier technique passionnant. Nous sommes notamment en support lors des opérations de croissance interne et la fiscalité des contrats mais aussi lors de toutes les opérations de croissance externe et la fiscalité des fusions-acquisitions. Nous faisons également beaucoup de cessions, facette très différente mais souvent oubliée du « M&A » .

Quels sont les aspects du métier de fiscaliste que vous appréciez en particulier ?

Le caractère divers de ses missions : l’apparition régulière de nouvelles normes et les modifications législatives incessantes obligent à assurer la diffusion de l’information et le déploiement de nouvelles procédures fiscales. On pourrait regretter une certaine « procédurisation » du métier. Mais, bien au contraire, cela constitue un élément d’enrichissement de la diversité de notre métier. Le profil des clients internes, opérationnels, directeurs/responsables comptables et financiers est un autre élément de la diversité de notre métier. Il faut savoir être concret, adapter la technicité de ses conseils au profil de chacun.

Je suis également conseil de la DG sur des dossiers stratégiques comme les acquisitions, la politique de dividende ou la refacturation des frais de siège….Tous les aspects liés au reporting des risques, au niveau adéquat de provisions et à l’analyse du taux effectif d’imposition de la société font de nous des partenaires de la communication financière. Le métier est un vrai pivot entre l’opérationnel et la DG.

Est-ce que vous avez des conseils de gestion de carrière ?

Je conseille vraiment d’avoir une double formation en école de commerce et en école d’avocat pour compléter une formation universitaire théorique. C’est un vrai plus. Il est indispensable d’être bon technicien et de savoir gérer son relationnel. Il y a 2 profils de fiscalistes : les fiscalistes focalisant sur leur expertise et les fiscalistes souhaitant évoluer vers des postes de management. Il ne faut pas être timide. Etre curieux et polyvalent, maîtriser son activité opérationnelle, aimer travailler avec les autres interlocuteurs de l’entreprise que sont notamment les juristes, les comptables et les consolideurs…..sont des qualités indispensables.

Pas de regret de votre carrière d’avocats ?

Non aucun regret pour le moment. Si j’étais devenu associé en cabinet, j’aurais eu plus de contraintes administratives et commerciales. Il faudrait justifier ma rentabilité et donc supporter une pression commerciale forte. En entreprise, la pression s’exerce différemment. Je dois démontrer que je ne suis pas un centre de coûts et que mes préconisations peuvent générer des économies d’impôts notamment cash ou assurer une meilleure maîtrise des risques fiscaux du groupe.

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