Quelle évolution pour les salaires en finance sur l’année 2009? C’est la question que nous avons posée à Thierry Mageux, directeur de la division banque-assurance du cabinet de recrutement Robert Half qui publie chaque année une étude sur les rémunérations.
Constate-t-on des baisses des salaires en ce début d’année 2009 ?
On ne peut pas encore parler de baisse des salaires. En revanche, la priorité au recrutement qui existait encore au troisième trimestre 2008 est passée au second plan. Les entreprises qui acceptaient des augmentations de salaires significatives sont aujourd’hui prêtes à perdre un candidat qui aurait des exigences salariales trop élevées.
Il s’agit davantage des prémisses d’une baisse des salaires. La courbe d’augmentation et la surenchère sur les profils sont en perte de vitesse. Mais pour le moment, on constate encore une augmentation de 10 à 15% des rémunérations pour un candidat qui change d’entreprise, ce qui est assez classique.
Certains secteurs sont-ils épargnés ?
Les situations varient selon le secteur considéré.
1. Finance d’entreprise :
D’un marché de création de postes, la finance d’entreprises devient un marché de remplacement de postes. Début 2008, on constatait 80% de remplacement de postes contre 20% de créations. Aujourd’hui, le rapport est plutôt de 50-50. Il n’y a pas encore de gel des recrutements et si les sociétés restent prudentes, elles sont également positives. Aucune baisse de salaires n’est à déplorer pour le moment.
2. Banque commerciale :
Les performances sont aujourd’hui identiques à celles du premier trimestre 2008 et les recrutements ne faiblissent pas. Il y a à cela plusieurs raisons : le secteur est beaucoup moins touché par le contexte international et la pyramide des âges est très favorable (30 à 50% de départ à la retraite).La conséquence directe sur les salaires : ils sont en progression. On peut néanmoins craindre un léger ralentissement de l’augmentation car les candidats pourraient se montrer un peu plus frileux.
3. Banque d’investissement :
Le secteur a très largement ralenti ses recrutements et les candidats sont très frileux. Les fixes augmentent peu. Les bonus distribués étant directement liés à la performance individuelle, de l’équipe ou de l’unité, la partie variable est quant à elle sérieusement amputée (en moyenne de 50% à 60%). On constate également des particularismes selon les candidats : les banques peuvent faire de réels efforts pour retenir les excellents éléments.
Une exception : les postes de front et spécialisés sur les métiers du risque sont épargnés. Le recrutement demeure assez soutenu et on constate sur ces activités des augmentations de salaires intéressantes.
4. Assurance :
Le secteur n’a pas pris les mêmes risques que les banques. Il poursuit donc sa croissance tout en restant prudent. Les rémunérations fixes devraient continuer leur progression sur le rythme de 2008 avec la possibilité d’une légère baisse du variable.
Est-ce que le contexte fait hésiter les candidats en postes à demander une augmentation de salaires ?
Une psychose touche les candidats, à tort ou à raison… C’est donc possible. D’autant plus que les entreprises vont avoir une politique salariale moins forte en 2009 que ces trois dernières années.