Est-ce que vous pouvez nous présenter le Mastère Spécialisé Banque et Ingénierie Financière ?
Le Mastère Spécialisé Banque et Ingénierie Financière a été créé en 1992. Nous en sommes donc à la 21ème promotion. Depuis l’origine, le Mastère a, bien entendu, évolué, sans remettre en cause les grands principes qui avaient présidé à sa création. L’association des anciens s’est évidemment étoffée au fil du temps.
Quel est l’objectif de la formation ?
Il y a un objectif prioritaire et central de court terme : l’intégration professionnelle rapide dans des postes qui correspondent à la formation.
Il y a un autre objectif, à plus long terme, mais tout aussi essentiel : former des cadres compétents, dotés d’une capacité d’innovation parce qu’ils s’appuient sur une connaissance solide de leur discipline de base qui est la Finance.
Il importe donc de ne pas enseigner des recettes, mais une formation fondamentale cohérente afin de préparer des carrières évolutives.
Quels sont les points forts du programme ?
Deux caractéristiques me semblent essentielles :
C’est une formation à finalité professionnelle qui se situe au terme du parcours de formation des étudiants et qui vise à obtenir leur rapide insertion professionnelle. Nous ne sacrifions pas les fondamentaux théoriques importants en Finance mais nous développons les exercices, les cas pratiques, les situations dans lesquelles l’étudiant doit mobiliser ses connaissances afin de traiter au mieux un problème concret qui ne correspond pas toujours à l’épure théorique.
Nous faisons intervenir de nombreux professionnels dans des séminaires de fin de module ou dans des cours qu’ils prennent totalement en charge. Nous avons une véritable salle des marchés, dotée de bases de données professionnelles qui permettent différents exercices de simulation.
Au-delà des connaissances et des compétences nous cherchons à ce que nos étudiants assimilent la culture et les exigences de l’entreprise, adoptent une attitude professionnelle. Ils bénéficient d’un coaching individualisé de la part de professionnels du recrutement.
Ce qui a été notre démarche, lors de la création du Mastère, le demeure. Très souvent les établissements d’enseignement partent de leurs ressources. Quels sont nos enseignants, que souhaitent-ils enseigner ? Combinons leurs compétences afin de construire le programme le plus cohérent possible. Nous faisons l’inverse. Nous partons de nos cibles d’emploi, des compétences qu’elles requièrent. Nous bâtissons le programme qui nous semble répondre au mieux à ces exigences et nous cherchons ensuite les compétences d’enseignement nécessaires, en interne ou en externe.
Afin de renforcer cette dimension « professionnalisante » nous disposons d’une salle des marchés et nous préparons nos étudiants au certificat de qualification Bloomberg. Les étudiants passent également le certificat AMF indispensable, sur le marché français, pour exercer certains métiers de la Finance. Nous soutenons aussi le parcours CFA, certification professionnelle reconnue à l’échelle internationale.
Notre Mastère est une formation ambitieuse, conforme aux grands standards internationaux. La formation fondamentale et généraliste à la finance y est prédominante. Les formations de troisième cycle à la finance se classent souvent sur la base d’une spécialisation soit vers la finance de marché soit vers la Finance d’entreprise, avec le risque que dans cette deuxième catégorie il n’y ait pas de vraie formation à la Finance , mais plutôt, à des outils dérivés de la comptabilité.
Cette division entre finance de marché et finance d’entreprise est commode, elle permet d’ordonner les disciplines. Mais elle est dangereuse en matière de formation. Une direction financière d’entreprise ne peut plus ignorer les marchés auxquels elle recourt périodiquement et sur laquelle l’entreprise est cotée, analysée et évaluée tous les jours.
Elle doit parfaitement maîtriser les produits financiers de couverture de ses risques. Les déboires connus par différentes entreprises, collectivités locales ou sociétés d’HLM dans la gestion de leurs emprunts et des contrats swap ont montré que la compétence requise n’était pas toujours là.
Mais, de la même façon, un financier de marché, un gestionnaire de portefeuilles, s’il veut comprendre le marché action, qui est au cœur du système financier, doit avoir de solides connaissances en Finance d’entreprise. Il ne faut donc rien sacrifier si l’on souhaite avoir une vraie formation à la Finance.
Deux options, finance d’entreprise et finance de marché sont néanmoins proposées, mais plutôt en fin de parcours, une fois le socle commun bien établi. La formation s’élargit même à des matières connexes ou à des matières d’environnement qui sont des compléments indispensables, comme la fiscalité et la comptabilité des groupes, la stratégie, la macroéconomie financière et l’économie bancaire.
Quels sont les profils des étudiants ?
Nous acceptons des profils très différents. Bien entendu des diplômés de gestion ou d’économie, mais aussi des scientifiques, des ingénieurs par exemple voire, sous certaines conditions, des profils plus atypiques comme les juristes. Les candidatures recevables se situent à bac+5 ou à bac+4.
Nous recrutons sur dossier et sur entretien. Les candidats remplissent un dossier très détaillé et fournissent tous leurs résultats académiques depuis le bac, leurs expériences professionnelles, les évaluations obtenues dans diverses circonstances. Il arrive assez souvent, si je le juge nécessaire, que je demande les résultats du Tage Mage (ou du Gmat) à titre complémentaire.
A l’issue de l’examen de leur dossier, les étudiants présélectionnés sont conviés à un entretien. On y examine ensemble leur parcours, sa cohérence, ses faiblesses voire ses défaillances, ses réussites. Quelles sont leurs compétences en langues, en informatique ? Ils doivent ensuite me parler de leur projet, de leurs attentes, bref de ce qui les amène à se porter candidat.
Les questions principales que je me pose sont les suivantes : réussiront-ils, bien sûr, dans la formation ? Pourrons-nous construire un CV cohérent, ont-ils une personnalité, un potentiel qui leur permettra de s’insérer rapidement sur le marché du travail au niveau d’aspiration qui est le leur ? Je ne recrute que si je réponds oui avec confiance. Si je me trompe, c’est un échec, pour nous.
Comment est composé le corps enseignants ?
50% de professeurs spécialistes de la Finance, de la comptabilité des groupes. Le département Finance de l’école a été distingué par le Financial Times et a reçu une évaluation exceptionnelle de 10.
50% des intervenants sont des professionnels, venant, pour la plupart, de Paris ou de Londres.
Quelles sont vos relations avec les entreprises ?
Nous entretenons des relations suivies et régulières avec les grands établissements financiers implantés en France mais aussi avec les cabinets d’audit et les grands groupes. Citer certains d’entre eux serait désobliger les autres.
Nos étudiants trouvent de plus en plus de débouchés à l’international. Nos relations ne sont peut-être pas assez développées avec les compagnies d’assurance.
Nos relations sont variées, intervenants issus du monde professionnel, participation aux jurys de Thèse professionnelle ou aux jurys de fin d’année, participation à la veille sectorielle, contrats de recherche, réflexion en commun sur les stages, les besoins des entreprises, les profils de carrière.
Le « coaching » individuel des étudiants fait intervenir des professionnels de la Finance.
Que deviennent vos anciens ? Est-ce que vous avez des exemples ?
Le mastère a en perspective les principaux métiers de la banque de réseau et de la banque d’investissement et de financement. Mais d’autres débouchés sont apparus au fil du temps, dans le conseil, les cabinets d’audit, les directions financières d’entreprises.
La brochure du Mastère, téléchargeable à partir de notre site détaille les différents métiers. Il ne s’agit pas ici de promesses ou d’hypothétiques perspectives, mais d’un inventaire des débouchés trouvés par nos anciens étudiants, en France ou à l’international.
Est-ce que votre formation est accessible également en formation continue ?
Non pas actuellement. Mais je suis convaincu que nous avons là un potentiel en jachère, à condition de mettre en place des modalités de formation très différentes.
Comment procédez-vous pour faire évoluer votre programme ?
Nous avons un conseil scientifique qui est un conseil de veille mixte réunissant des professionnels et des professeurs de Finance. Il fait le point une fois par an, mais ses travaux sont préparés par des remarques, des contributions, des observations faites en continu.
Son activité s’oriente selon deux axes :
Quelles sont les compétences requises dans les différents métiers ? Quelles sont les innovations essentielles dans les différents secteurs de la Finance. C’est un objectif d’inventaire.
Mais il faut aller au-delà, adopter une attitude prospective. Comment se développe la Finance ? Quels en sont les champs théoriques essentiels ? Ne parler que de l’existant ne permettrait à nos diplômés que de répéter, d’imiter. Or il s’agit de les doter d’un vrai potentiel de créativité, d’innovation, pouvant remettre en cause les pratiques d’aujourd’hui, les routines sclérosantes et déplacer les frontières d’efficacité. Il faut donc discerner les composantes de formation qui devancent les pratiques d’aujourd’hui.