« Je ne forme pas des experts au sens strict mais des managers qui sauront évoluer », Fabienne Oriot, responsable Mastère Spécialisé Audit Interne et Contrôle de Gestion, ESC Toulouse

Est-ce que vous pouvez nous présenter le Mastère Spécialisé Audit Interne et Contrôle de Gestion ?

Notre formation existe depuis 1982 et nous avons fait office de précurseur en associant de manière complémentaire l’audit interne et le contrôle de gestion, à une époque où ces deux fonctions existaient à peine dans les entreprises. Ce pari gagnant se confirme aujourd’hui et nous sommes prêts, sur la base de nos 30 ans d’expérience, à répondre aux besoins croissants de nombreuses entreprises et organisations. On est sous les feux de l’actualité avec les sujets de maîtrise des risques ou encore de maîtrise de la performance.

Former à des métiers complémentaires c’est aussi et surtout donner plus de choix à nos étudiants, nous démultiplions leurs employabilité : ils peuvent commencer en audit interne, commencer en contrôle de gestion, ou bien commencer en contrôle de gestion puis passer en audit interne, et vice versa, ou encore commencer en cabinets d’audit.

Les options sont multiples grâce à leurs compétences complémentaires et les chemins sont également multiples en fonction de leurs goûts, de leur personnalité.

Combien avez-vous de promotions ?

Nous fêtons cette année la 30ème promotion du Mastère : nous venons de diplômer 35 étudiants en full time et 20 en part time.

Quel est l’objectif de la formation ?

L’objectif est de former des experts de haut niveau qui vont évoluer ensuite vers des postes de directions financières ou des fonctions managériales. On est sur des métiers très techniques mais aussi très transverses, qui touchent aux enjeux stratégiques et humains des organisations. Je ne forme pas des experts au sens strict mais des managers qui sauront évoluer. Ce qui est très important, c’est que nous les accompagnons dans leurs projets professionnels.

Nous valorisons des parcours antérieurs diversifiés. Nous avons mis en place un coaching personnalisé avec un cabinet de recrutement. Nous travaillons sur leurs projets professionnels. Le premier emploi est déterminant. Nous les aidons donc à se poser les bonnes questions, au bon moment, pour minimiser les risques par la suite.

Quels sont les profils des étudiants ?

Les profils sont très diversifiés. Nos métiers ont besoin de profils différents. Il s’agit de répondre aux besoins des entreprises. Nous avons des gestionnaires, diplômés d’écoles de commerce ou d’universités. Mais nous avons aussi des profils scientifiques, des ingénieurs, des juristes, des avocats, etc…. Nous avons aussi des étudiants expérimentés, qui suivent la formation après plusieurs années d’expérience pour changer de métier. Les préoccupations sont différentes au sein d’une même promotion, mais c’est une richesse qui nous porte tous. Il y a une entraide importante.

Tous les profils sont recevables. C’est vraiment le projet professionnel qui compte. Il faut qu’on puisse les accompagner. J’ai fait le choix, dans le programme, de répartir des bases, d’accompagner tous les profils admis : on reconstruit quelque chose ensemble.

Est-ce que la formation est accessible en formation continue ?

Oui, la formation est accessible en formation initiale et en formation continue. Nous proposons une version full time pour les étudiants et les personnes expérimentées qui souhaitent se reconvertir et doivent donc opérer une montée en compétences très importante. Et nous proposons aussi une version part time pour des salariés en poste qui ne peuvent se libérer qu’en fin de semaine.

Comment est composé le corps enseignants ?

Il y a deux types de profils. Il y a des intervenants professionnels, auditeurs internes, contrôleurs de gestion ou Directeurs administratifs et financiers, en poste, etc. et il y a aussi des enseignants chercheurs. Les professionnels sont majoritaires, le Mastère Spécialisé est une formation professionnalisante. Mais les enseignants chercheurs jouent un rôle important aussi : ils apportent les méthodes, et ils proposent une prise de recul. Ils interrogent le sens et la finalité des outils. En effet, nous essayons de donner à nos étudiants une ouverture à de nouveaux contextes, qui sont l’avenir de nos fonctions. Par exemple, nous parlons du contrôle de gestion dans le secteur public, dans les hôpitaux, dans les institutions culturelles, les ONG, etc.

Quelles sont vos relations avec les entreprises ?

Nous travaillons avec les deux associations professionnelles de référence de nos métiers : l’IFACI (Institut Français de l’Audit et du Contrôle internes) et la DFCG Midi Pyrénées (association professionnelle des Directeurs Financiers et Contrôleurs de Gestion).Nos premiers ponts vers le monde du travail passent par ces 2 associations.

Après, on est relation permanente avec les entreprises, que cela soit dans le cadre des stages ou à travers nos intervenants.

L’ESCT a une chaine audit avec les cabinets E&Y, PwC, KPMG et Mazars. Nous avons également une collaboration avec Capgemini, sur une formation aux ERP. Nous avons en effet plusieurs cours sur les systèmes d’information de gestion, ce qui rend nos étudiants immédiatement opérationnels sur les outils du contrôleur de gestion.

Que deviennent vos anciens ? Est-ce que vous avez des exemples ?

Nos anciens deviennent soit auditeurs internes dans des grandes groupes en France et à l’international, soit contrôleurs de gestions. Certains rentrent en cabinet d’audit et d’autres vont directement vers des fonctions de DAF ou RAF dans les PME. Nous avons aussi quelques diplômés qui se dirigent vers des fonctions managériales ou créent leur entreprise.

Comment procédez-vous pour faire évoluer votre programme ?

Nous avons un conseil de perfectionnement qui, périodiquement, se pose la question de l’actualisation de nos enseignements. Ce conseil réunit nos partenaires, nos intervenants et des anciens élèves diplômés qui sont devenus des spécialistes de nos métiers.

On travaille aussi beaucoup en collaboration avec l’IFACI et la DFCG. Ils nous alertent sur des sujets d’actualité, ce qui nous permet de faire évoluer en permanence les enseignements et de les enrichir.


Fabienne ORIOT, est diplômée de l’ESCP et Docteur en Sciences de Gestion HEC Paris.

Elle est Professeur à l’Ecole Supérieure de Commerce de Toulouse, où elle dirige le Mastère Spécialisé Audit Interne et Contrôle de Gestion, ainsi que le Groupe de recherche Nouvelles Pratiques de Management. Ses recherches portent sur les dimensions humaines et stratégiques du management de la performance dans de nouveaux contextes (PME, non-profit, etc.).

«Notre Mastère est une formation ambitieuse, conforme aux grands standards internationaux», Jean-Claude Gabillon, Responsable du Mastère Spécialisé Banque et Ingénierie Financière, ESC Toulouse

Est-ce que vous pouvez nous présenter le Mastère Spécialisé Banque et Ingénierie Financière ?

Le Mastère Spécialisé Banque et Ingénierie Financière a été créé en 1992. Nous en sommes donc à la 21ème promotion. Depuis l’origine, le Mastère a, bien entendu, évolué, sans remettre en cause les grands principes qui avaient présidé à sa création. L’association des anciens s’est évidemment étoffée au fil du temps.

Quel est l’objectif de la formation ?

Il y a un objectif prioritaire et central de court terme : l’intégration professionnelle rapide dans des postes qui correspondent à la formation.

Il y a un autre objectif, à plus long terme, mais tout aussi essentiel : former des cadres compétents, dotés d’une capacité d’innovation parce qu’ils s’appuient sur une connaissance solide de leur discipline de base qui est la Finance.

Il importe donc de ne pas enseigner des recettes, mais une formation fondamentale cohérente afin de préparer des carrières évolutives.

Quels sont les points forts du programme ?

Deux caractéristiques me semblent essentielles :

C’est une formation à finalité professionnelle qui se situe au terme du parcours de formation des étudiants et qui vise à obtenir leur rapide insertion professionnelle. Nous ne sacrifions pas les fondamentaux théoriques importants en Finance mais nous développons les exercices, les cas pratiques, les situations dans lesquelles l’étudiant doit mobiliser ses connaissances afin de traiter au mieux un problème concret qui ne correspond pas toujours à l’épure théorique.

Nous faisons intervenir de nombreux professionnels dans des séminaires de fin de module ou dans des cours qu’ils prennent totalement en charge. Nous avons une véritable salle des marchés, dotée de bases de données professionnelles qui permettent différents exercices de simulation.

Au-delà des connaissances et des compétences nous cherchons à ce que nos étudiants assimilent la culture et les exigences de l’entreprise, adoptent une attitude professionnelle. Ils bénéficient d’un coaching individualisé de la part de professionnels du recrutement.

Ce qui a été notre démarche, lors de la création du Mastère, le demeure. Très souvent les établissements d’enseignement partent de leurs ressources. Quels sont nos enseignants, que souhaitent-ils enseigner ? Combinons leurs compétences afin de construire le programme le plus cohérent possible. Nous faisons l’inverse. Nous partons de nos cibles d’emploi, des compétences qu’elles requièrent. Nous bâtissons le programme qui nous semble répondre au mieux à ces exigences et nous cherchons ensuite les compétences d’enseignement nécessaires, en interne ou en externe.

Afin de renforcer cette dimension « professionnalisante » nous disposons d’une salle des marchés et nous préparons nos étudiants au certificat de qualification Bloomberg. Les étudiants passent également le certificat AMF indispensable, sur le marché français, pour exercer certains métiers de la Finance. Nous soutenons aussi le parcours CFA, certification professionnelle reconnue à l’échelle internationale.

Notre Mastère est une formation ambitieuse, conforme aux grands standards internationaux. La formation fondamentale et généraliste à la finance y est prédominante. Les formations de troisième cycle à la finance se classent souvent sur la base d’une spécialisation soit vers la finance de marché soit vers la Finance d’entreprise, avec le risque que dans cette deuxième catégorie il n’y ait pas de vraie formation à la Finance , mais plutôt, à des outils dérivés de la comptabilité.

Cette division entre finance de marché et finance d’entreprise est commode, elle permet d’ordonner les disciplines. Mais elle est dangereuse en matière de formation. Une direction financière d’entreprise ne peut plus ignorer les marchés auxquels elle recourt périodiquement et sur laquelle l’entreprise est cotée, analysée et évaluée tous les jours.

Elle doit parfaitement maîtriser les produits financiers de couverture de ses risques. Les déboires connus par différentes entreprises, collectivités locales ou sociétés d’HLM dans la gestion de leurs emprunts et des contrats swap ont montré que la compétence requise n’était pas toujours là.

Mais, de la même façon, un financier de marché, un gestionnaire de portefeuilles, s’il veut comprendre le marché action, qui est au cœur du système financier, doit avoir de solides connaissances en Finance d’entreprise. Il ne faut donc rien sacrifier si l’on souhaite avoir une vraie formation à la Finance.

Deux options, finance d’entreprise et finance de marché sont néanmoins proposées, mais plutôt en fin de parcours, une fois le socle commun bien établi. La formation s’élargit même à des matières connexes ou à des matières d’environnement qui sont des compléments indispensables, comme la fiscalité et la comptabilité des groupes, la stratégie, la macroéconomie financière et l’économie bancaire.

Quels sont les profils des étudiants ?

Nous acceptons des profils très différents. Bien entendu des diplômés de gestion ou d’économie, mais aussi des scientifiques, des ingénieurs par exemple voire, sous certaines conditions, des profils plus atypiques comme les juristes. Les candidatures recevables se situent à bac+5 ou à bac+4.

Nous recrutons sur dossier et sur entretien. Les candidats remplissent un dossier très détaillé et fournissent tous leurs résultats académiques depuis le bac, leurs expériences professionnelles, les évaluations obtenues dans diverses circonstances. Il arrive assez souvent, si je le juge nécessaire, que je demande les résultats du Tage Mage (ou du Gmat) à titre complémentaire.

A l’issue de l’examen de leur dossier, les étudiants présélectionnés sont conviés à un entretien. On y examine ensemble leur parcours, sa cohérence, ses faiblesses voire ses défaillances, ses réussites. Quelles sont leurs compétences en langues, en informatique ? Ils doivent ensuite me parler de leur projet, de leurs attentes, bref de ce qui les amène à se porter candidat.

Les questions principales que je me pose sont les suivantes : réussiront-ils, bien sûr, dans la formation ? Pourrons-nous construire un CV cohérent, ont-ils une personnalité, un potentiel qui leur permettra de s’insérer rapidement sur le marché du travail au niveau d’aspiration qui est le leur ? Je ne recrute que si je réponds oui avec confiance. Si je me trompe, c’est un échec, pour nous.

Comment est composé le corps enseignants ?

50% de professeurs spécialistes de la Finance, de la comptabilité des groupes. Le département Finance de l’école a été distingué par le Financial Times et a reçu une évaluation exceptionnelle de 10.

50% des intervenants sont des professionnels, venant, pour la plupart, de Paris ou de Londres.

Quelles sont vos relations avec les entreprises ?

Nous entretenons des relations suivies et régulières avec les grands établissements financiers implantés en France mais aussi avec les cabinets d’audit et les grands groupes. Citer certains d’entre eux serait désobliger les autres.

Nos étudiants trouvent de plus en plus de débouchés à l’international. Nos relations ne sont peut-être pas assez développées avec les compagnies d’assurance.

Nos relations sont variées, intervenants issus du monde professionnel, participation aux jurys de Thèse professionnelle ou aux jurys de fin d’année, participation à la veille sectorielle, contrats de recherche, réflexion en commun sur les stages, les besoins des entreprises, les profils de carrière.

Le « coaching » individuel des étudiants fait intervenir des professionnels de la Finance.

Que deviennent vos anciens ? Est-ce que vous avez des exemples ?

Le mastère a en perspective les principaux métiers de la banque de réseau et de la banque d’investissement et de financement. Mais d’autres débouchés sont apparus au fil du temps, dans le conseil, les cabinets d’audit, les directions financières d’entreprises.

La brochure du Mastère, téléchargeable à partir de notre site détaille les différents métiers. Il ne s’agit pas ici de promesses ou d’hypothétiques perspectives, mais d’un inventaire des débouchés trouvés par nos anciens étudiants, en France ou à l’international.

Est-ce que votre formation est accessible également en formation continue ?

Non pas actuellement. Mais je suis convaincu que nous avons là un potentiel en jachère, à condition de mettre en place des modalités de formation très différentes.

Comment procédez-vous pour faire évoluer votre programme ?

Nous avons un conseil scientifique qui est un conseil de veille mixte réunissant des professionnels et des professeurs de Finance. Il fait le point une fois par an, mais ses travaux sont préparés par des remarques, des contributions, des observations faites en continu.

Son activité s’oriente selon deux axes :

Quelles sont les compétences requises dans les différents métiers ? Quelles sont les innovations essentielles dans les différents secteurs de la Finance. C’est un objectif d’inventaire.

Mais il faut aller au-delà, adopter une attitude prospective. Comment se développe la Finance ? Quels en sont les champs théoriques essentiels ? Ne parler que de l’existant ne permettrait à nos diplômés que de répéter, d’imiter. Or il s’agit de les doter d’un vrai potentiel de créativité, d’innovation, pouvant remettre en cause les pratiques d’aujourd’hui, les routines sclérosantes et déplacer les frontières d’efficacité. Il faut donc discerner les composantes de formation qui devancent les pratiques d’aujourd’hui.