La génération de commerciaux qui vient irriguer les réseaux d’agences bancaires essaie de poser ses exigences.
Kevin Lebrun, 24 ans, a fait un choix un peu inhabituel : « Je suis parti pour rejoindre le Crédit du Nord (à l’issue de trois années en contrat d’alternance dans une agence d’un autre réseau du Nord-Pas-de-Calais, NDLR). Des intervenants de cette banque étaient très présents lors de ma formation à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Valenciennes et j’avais de bons échos de la part de mes camarades en poste là-bas, raconte le jeune homme, conseiller de clientèle privée à l’agence de Lille Rihour depuis septembre 2014. J’ai donc décidé de postuler sur leur site internet. Tout s’est passé très rapidement, le processus de recrutement n’a duré qu’un mois. » Le plus souvent, les alternants – grand vivier de recrutement pour les postes de conseillers – décident de poursuivre leur parcours dans la banque qui les a accueillis pour leur apprentissage. Mais la nouvelle génération de conseillers en agence, bien consciente de la guerre des talents qui anime actuellement les réseaux bancaires, a des exigences : un besoin de responsabilités, une recherche d’autonomie, une envie d’évolution rapide. « Contrairement à d’autres banques où le premier poste présente peu de responsabilités, explique Kevin Lebrun, le Crédit du Nord m’a rapidement fait confiance, je sentais qu’on me donnait vraiment ma chance. Aujourd’hui, je gère un portefeuille de 850 clients dans une agence où travaillent 20 collaborateurs. »
De fait, les grands établissements bancaires n’ont pas d’autre choix que de composer avec les attentes de ces jeunes recrues qui vont aussi contribuer à la transformation digitale des métiers de la banque de détail. « Je suis conseillère de clients particuliers depuis deux ans. Auparavant, j’ai été alternante deux ans dans une autre agence de ma banque. Récemment, j’ai demandé à évoluer vers le poste de conseiller de clients professionnels, confie Louise*, 25 ans, basée dans la région Centre-Val de Loire. J’ai suivi une formation pendant six mois pour décrocher un BTS et je l’ai eu. Bientôt, je changerai de poste ! » Chez Société Générale, Lucie Clémenson a aussi bénéficié d’une progression « éclair ». « J’ai été embauchée en septembre 2012 et j’ai d’abord commencé comme conseillère bonne gamme (moins de 40.000 euros de revenus). J’avais un portefeuille clients et j’intervenais en appui d’un CGP (conseiller en gestion de patrimoine). Le but était d’apprendre à gérer la relation, se souvient la jeune femme de 25 ans. Après un an et demi, en mars 2013, je suis devenue CGP et j’ai rejoint l’agence où je travaille actuellement, c’était clairement une promotion ! » Elle suit désormais une centaine de clients qui ont, au maximum, 500.000 euros de patrimoine bancaire. « Je vais rester à ce poste durant quatre ans, puis je pourrais de nouveau évoluer, projette-t-elle. Vers la banque privée peut-être. Je me vois dans un métier d’expertise, toujours dans ma spécialité. »
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